Madouba : Les contraintes de développement d’une commune rurale expliquées par le maire et son premier adjoint

Publié le mercredi 22 mars 2017 à 10h50min

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Madouba : Les contraintes de développement d’une commune rurale expliquées par le maire et son premier adjoint

La commune rurale de Madouba est située dans la région de la Boucle du Mouhoun, plus précisément dans la province de la Kossi. Elle partage ses limites au Burkina Faso avec la seule commune de Djibasso à l’Est et au Sud. Le reste du territoire, notamment le Nord, l’Ouest et le Sud-Ouest, est limité par des circonscriptions du territoire Malien. La jeune commune compte 11 villages administratifs et couvre une superficie d’environ 200km², pour une population de 6.596 habitants (RGPH de 2006). Les groupes ethniques rencontrées sont par ordre d’importance : les Bwa, les Markas, les Peulhs. Tous les services d’appui au développement rural (l’élevage, l’agriculture et l’environnement) sont basés à Djibasso.

Les contraintes du milieu humain sont : la migration des jeunes, l’analphabétisme de la population, l’absence de formation, l’insuffisance des appuis techniques et financiers, l’insuffisance d’aménagements maraîchers, les conditions d’accès aux micro-crédits, les difficultés d’approvisionnement en eau potable…

Deux niveaux d’enseignement sont assurés dans la commune de Madouba. Il s’agit de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire à côté desquels, l’alphabétisation est organisée. La commune de Madouba dispose de 8 écoles réparties dans 8 villages. Les effectifs au niveau du primaire dans la commune connaissent dans l’ensemble une croissance. La commune dispose d’un centre d’éducation pour l’intégration internationale (CEI) qui a ouvert ses portes en 2009. Il accueille aussi bien des apprenants burkinabè que maliens dans les métiers de la couture et de la mécanique. Les apprenants sont alphabétisés en langue Boré. La formation dure quatre ans et est sanctionnée par un certificat de qualification professionnel (CQP). La circonscription d’éducation de base (CEB) chargée de l’encadrement des enseignants de la commune de Madouba est située à Djibasso.

La commune de Madouba ne dispose que d’un seul établissement secondaire, il s’agit du Collège d’Enseignement Général (CEG) du nom du chef-lieu de la commune. Concernant le personnel enseignant, le CEG dispose de quatre enseignants et d’un directeur qui s’occupe de l’administration surtout. Comme on le remarque, le personnel est insuffisant. En termes d’infrastructures, le CEG bénéficie de 3 logements, de 4 salles de classe et de 9 latrines. Ces infrastructures sont toutes en assez bon état. Outre l’insuffisance de logements et d’enseignants, le CEG manque de forage, de terrain de sport. Aussi, son mobilier et son immobilier connaissent des dégradations qui nécessitent des réfections. La commune ne dispose d’aucune infrastructure en matière d’alphabétisation.

A Madouba, les soins de santé sont fournis aux populations dans un seul Centre de santé et de promotion sociale (CSPS). Mais, selon les populations, certains villages du fait de leur inaccessibilité surtout en saison hivernale n’ont pas accès aux soins de santé. Ainsi, on enregistre des accouchements en cours de route ou à domicile. Au niveau du personnel soignant du CSPS, on enregistre 3 agents et 4 agents communautaires.
Les contraintes du domaine de l’eau potable et de l’assainissement sont : l’insuffisance de forages, l’existence de forages non fonctionnels, l’insuffisance de latrines, le manque de formation des AUE.

La commune de Madouba ne dispose pas d’infrastructures sportives et de loisirs. En effet, aucun terrain de sport n’est aménagé au sein de la commune. Il n’y a également ni centre populaire de loisir (CPL) ni maison de la femme. Sur le plan culturel, ce sont les cérémonies annuelles de sorties de masques qui constituent les moments de réjouissance au sein de la commune. Celles-ci restent toujours dans le cadre strict de la coutume.

Sur le plan de la sécurité, Madouba dépend de la brigade de gendarmerie et du commissariat de police, tous basés à Djibasso. Un poste frontalier de police a été néanmoins installé à Madouba. Selon les forces de l’ordre, il n’y a pas de problèmes majeurs de sécurité pour l’instant dans la zone. Malgré cette relative quiétude, la commune n’est pas à l’abri des menaces d’insécurité du fait de sa situation frontalière, mais aussi et surtout à cause du taux de possession d’armes à feu, notamment les armes de fabrication traditionnelle. Selon la brigade de gendarmerie, on pourrait dénombrer au moins un fusil par concession, mais ces armes ne sont pas déclarées pour la plupart (source : P C D)

Dans le domaine touristique, si la présence d’une population appréciable de crocodiles dans la zone constitue un potentiel qui pourrait être valorisé à terme dans le cadre du tourisme de vision, cette activité est pour l’instant pratiquement inexistante dans la commune. Du reste, le tourisme est fortement compromis par le mauvais état des pistes reliant le chef-lieu de la commune aux villages ainsi que l’absence de sites aménagés.

La principale voie d’accès à la commune de Madouba est la route nationale 14 qui traverse le village de Madouba en direction du Mali. Il existe d’autres pistes rurales qui relient les différents villages de la commune entre eux et établissent la liaison avec le chef-lieu de la commune, cependant, ces différentes pistes rurales sont difficilement praticables en saison pluvieuse.
Dans la commune de Madouba, le transport des personnes et des biens est essentiellement assuré par des chevaux, des cyclomoteurs et des bicyclettes. L’intensité du trafic routier est fonction des jours de marché. La commune rurale de Madouba ne dispose pas de bureau de poste.

La mairie de Madouba est équipée en matériel informatique et bureautique, mais son fonctionnement est limité par une insuffisance de personnel.
Les ressources financières de la commune sont limitées. En la matière, tout reste quasiment à construire. Le niveau de l’activité économique est très faible.
Les services techniques et administratifs déconcentrés de l’Etat à savoir la préfecture, la santé, l’agriculture, la sécurité, l’élevage, l’environnement et du développement durable et l’éducation, l’ensemble de ces services souffre d’une insuffisance en moyens humains, matériels et en équipements.
Aucune présence d’institutions financières n’a été observée dans la commune. Ce qui limite l’accès au crédit pour les populations.

Existence de classe sous paillotte, éloignement de certains villages des écoles, insuffisance de logements, déperdition scolaire, dégradation de certains bâtiments scolaires, non-paiement de la scolarité (CEG), difficulté d’encadrement de la CEB, insuffisance de CSPS, absence de moyens d’évacuation, faible niveau de fonctionnement des comités de lutte contre le VIH/SIDA, faibles revenus des populations, fonctionnement moyen des COGES, insuffisance de personnel soignant, éloignement et accès difficile à certains villages, faiblesse des activités préventives, nombreux accouchements à domicile dans 9 villages, insuffisance de logements des infirmiers ; ce sont là entre autres les contraintes qui nous ont été énumérées par le maire que nous avons rencontré à Dédougou.

« Les défis à relever pour le développement de la commune de Madouba reposent sur les capacités de valorisation des ressources humaines, financières et naturelles dont dispose la commune. Cela suppose au préalable l’amélioration des potentialités endogènes de gestion de la municipalité, la promotion des activités socio-économiques et le renforcement des infrastructures », nous a martelé Ibrahim Dabou, maire de Madouba.

David Demaison Nébié
Correspondant dans la Boucle du Mouhoun
Lefaso.net

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