Périmètre de Sono : Les milliards de l’Etat burkinabè envahis par des épines

Publié le jeudi 8 juin 2017 à 00h51min

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Périmètre de Sono : Les milliards de l’Etat burkinabè envahis par des épines

Nous avons fait un tour dans la zone de Sono dans la province de la Kossi le 17 mai 2017. Dans ce coin avant Sono vers l’Est, nous avons vu des aménagements faits sous le régime de Blaise Compaoré, pour l’agrobusiness, nous a-t-on dit. Après l’aménagement, le constat est des plus amers. Toutes ces parcelles avec leurs tuyauteries d’irrigation sont foutues, le tout envahi d’épineux. Aucune n’est viable. Le périmètre est à l’abandon depuis plus d’une décennie. Le spectacle est tout simplement désolant, plus que celui de Benkadi dans la province du Sourou. Rampes d’arrosage embourbées, délaissées voire pillées, machines dépiécées. Seule la station mère de pompage et des groupes électrogènes ont pour le moment échappé au massacre. Ce périmètre s’étend sur une superficie de 210 hectares. Mais aucune structure administrative ne veille au bon fonctionnement des lieux.

Selon des sources, les travaux d’aménagement ont débuté fin 1998, et ont été réalisés par l’entreprise OK. Ce périmètre ne répond plus aux normes de l’idée du projet. Il est exploité artisanalement et de façon anarchique. Les exploitants actuels sont plutôt spécialisés en maraîcher-culture. La plupart des populations rencontrées proposent que l’Etat burkinabè réhabilite ce site et autorise les exploitants individuels à s’y installer s’ils veulent, avec des cahiers de charges peu contraignants élaborés par les organisations professionnelles agricoles.

Ces individus pourraient s’organiser en coopératives ou Groupements d’intérêts économiques (GIE) selon les fidèles de production ou les maillons des filières de production pour améliorer la chaine de valeur. A les en croire, il faut que l’Etat réagisse s’il veut vraiment le développement du Burkina Faso. Ces paysans attendent les autorités au pied du mur surtout le ministre de l’agriculture. Pour eux, le développement ce ne sont pas les parrainages et les lancements tous azimuts de projets sans suivi ni prévisions de la viabilité et des retombées.

Selon toujours eux, si le succès de ce pays ne repose pas sur l’agriculture c’est parce qu’aujourd’hui, il y a trop d’incompétents et de fainéants dans les ministères chargés des productions. Car personne ne veut se décarcasser ni bouger le petit doigt sans perdiems ! Ils regrettent amèrement l’époque où les agents d’agriculture parcouraient la brousse à vélo pour apprendre aux parents les semis en ligne, les agents de la santé parcouraient les hameaux de culture pour vacciner et lutter contre les grandes endémies, les enseignants s’inquiétaient de l’absence d’un élève etc, et cela sans perdiems. Chacun se donnait à fond pour le développement du pays des hommes intègres.

Pour certains, ce sont les anciens ministres qui n’étaient pas bons. Ils souhaitaient que le Premier ministre actuel demande à tous les ministres de faire le point de tous les anciens projets de leurs départements avec les raisons pour lesquelles ces projets n’ont pas marché, quels sont les enseignements tirés, qu’est-ce qu’il faut pour relancer ces projets en termes de ressources et finalement préciser quels sont les projets en phase avec le Plan national de développement économique et social (PNDES), pour éviter des doublées en minimisant le coût du PNDES.

David Demaison Nébié
Lefaso.net

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