Association Michèle Bonnin de Daboura dans la province des Banwa : Au service des plus démunis

Publié le lundi 14 août 2017 à 14h43min

PARTAGER :                          
Association Michèle Bonnin de Daboura dans la province des Banwa : Au service des plus démunis

Michèle Bonnin était une éducatrice dans un établissement spécialisé dans les Deux Sèvres. A l’occasion d’un voyage en Afrique, elle découvre le Burkina en 1991. Saisie par le manque de moyens sur le plan sanitaire et médical et par la forte attente des populations rencontrées, elle entreprend une démarche personnelle de soutien. A sa mort, ses amis, ses collègues de travail, sa famille décident de poursuivre son action. En 2000, ils créent l’association Michèle Bonnin, une association qui conduit des actions de solidarité et de coopération à l’Ouest du pays, plus précisément dans la province de la Kossi (Nouna), Daboura et Solenzo dans les Banwa. Nous avons rencontré Anne Marie, l’une des fondatrices résidant à Daboura, qui assure aujourd’hui le lien entre le village de Daboura et les autres membres en France.

Pouvez-vous nous faire l’historique de l’association Michèle Bonnin et surtout la naissance du centre de formation professionnelle agro-écologique de Daboura ?

Au cœur de l’histoire de développement du village de Daboura se situe un homme, fils de ce village, qui déjà à 20 ans mettait en place la 1ère école primaire et plantait des manguiers avec son père et ses oncles, alors qu’il quittait la classe de 1ère du séminaire pour mieux comprendre la langue et les coutumes bwa. Aujourd’hui l’Abbé Emile Bombiri, en partenariat avec l’association Michèle Bonnin, Pharmacie H internationale, Electriciens sans frontières de la région PACA, l’agence de l’eau Loire Atlantique, le syndicat de Val de Loire, l’association Kalipachade Coulommiers oui, l’Abbé peut se réjouir de contribuer au mieux-être des siens dans l’éducation, le développement rural, la mise en place d’association de femmes, d’une mutuelle de santé, d’un réseau d’eau potable etc… d’un espace maraicher attenant au CEG (Collège d’enseignement général, ndlr).

Au cœur de tous ces projets, celui qui lui tient à cœur aujourd’hui et qui est comme le poumon du développement du village, c’est la mise en place du CEFAD. Crée en 2007, la Maison Familiale Rurale de Daboura se voulait être un lieu où l’apprentissage et l’éducation se feraient ‘’autrement’’ que dans le système éducatif national. Inspiré par le mode d’alternance du MFR française (enseignement à l’école et stage chez des maîtres sur le terrain), en lien avec l’association Michèle Bonnin dont 2 membres du conseil d’administration travaillent dans ces Maison Familiale Rurale, l’Abbé demande un terrain au Comité Villageois de Développement du village. Lui sont octroyés 5 hectares sur une colline où paissent les troupeaux et sur laquelle ne poussait plus que quelques arbustes qui échappent aux bêtes. Soit ! Relevant le défi (on aurait souhaité un meilleur terrain…), les hectares sont clôturés et commence l’aventure de cette MFR devenue aujourd’hui CFAD.

La colline est devenue ‘’la colline des miracles’’ comme aime à le dire son directeur actuel monsieur Pascal Kouenou. Avant de laisser la parole à l’Abbé Emile, je vais donner quelques informations sur l’histoire de l’Association Michèle Bonnin. Quelques mots sur la naissance de cette association. Avec quelques amis et collègues de l’institution où je travaillais dans l’ouest Bressuire de la France, nous avons fondé cette association. Dans les années 1961 et 1965, j’étais enseignante à Tougan. Revenu de France en 1965, je reprends des études d’infirmière et travaille dans une institution d’enfants handicapés mentaux. J’ai l’occasion de revenir de temps en temps au pays, et notamment en 1992, Michèle Bonnin, une amie éducatrice me propose de m’accompagner. Michèle reçoit le choc de tous ces enfants non scolarisés et, de retour au pays, veut apporter sa contribution.

Rapidement, Michèle tombe gravement malade et décède d’un cancer au cerveau. Lors de ses funérailles à Poitiers, berceau de sa famille, sa petite sœur Marinette, aujourd’hui présidente de notre association, me propose que la quête de la messe me soit remise pour les malades du Burkina. Ses ami (es) demandent à ce qu’une messe soit célébrée dans la ville où elle a exercé toute sa vie professionnelle. A cette 2ème célébration l’Abbé Emile Bombiri se trouve de passage chez moi et concélèbre avec le curé de Bressuire. Le fruit de ces deux quêtes est remis directement à l’Abbé qui dit ceci : ‘’Je peux dès mon retour utiliser cet argent pour le bien de nombreux malades. Mais ce que désirait faire Michèle de son vivant, vous ses amis, sa famille, ses collègues, pourquoi ne le feriez-vous pas ? Je pose cet argent sur un compte en attendant votre mise en route. ‘’ Et voilà ! De cette interpellation est née l’Association Michèle Bonnin.

D’une petite dizaine d’adhérents au départ, nous sommes 120 depuis 15 ans à répondre aux besoins des projets menés par l’Abbé. Venue habiter Daboura fin 2004 avec mon mari lourdement handicapé polio, après avoir vendu notre maison en France pour construire ici, désormais veuve puisque mon mari est décédé 6 mois après notre arrivée et enterré au cimetière de Daboura, j’assure le lien entre nos deux pays, la France et le Burkina Faso. Vous qui lirez ces lignes, vous êtes aussi invités à venir découvrir Daboura et sa ‘’colline des miracles’’ où renaissent des plantes qui avaient complètement disparu.

Que fait exactement l’association Michèle Bonnin de Daboura ?

Nous accompagnons, soutenons les actions de développement engagées par les villageois dans trois domaines :

En Santé et Hygiène :

Nous soutenons le Comité Diocésain d’Aide aux Malades de Nouna : construction de son pôle d’animation et de coordination, aide matérielle apportée aux malades et à leurs familles et actions de formation : hygiène, lutte contre la malnutrition, le paludisme, le Sida… sur ce volet, c’est terminé.

Nous sommes en partenariat avec Pharmacie Humanitaire Internationale Atlantique, nous participons aux projets nutritionnels, à l’approvisionnement en médicaments génériques, à la confection de moustiquaires et de matelas en mousse. L’Association Michèle Bonnin appuie les initiatives des associations de familles en faveur de l’accès aux soins pour tous par la mise en place d’assurances mutuelles de santé. Avec le soutien de deux partenaires (Syndicat du Val de Loire et Agence de l’Eau Loire-Bretagne) nous avons entrepris un programme de sécurisation et de protection d’une centaine de puits familiaux, la construction de 150 latrines et d’un château d’eau en vue de la mise en place de bornes fontaines. Des séances de formation à l’hygiène sont proposées aux 1.200 élèves du village (écoles, collège et Maison Familiale) et un concours de propreté est organisé chaque année dans les différents quartiers.

En Education :
L’Association Michèle Bonnin soutient l’éducation dans trois domaines : l’accompagnement des petits avant l’école primaire : projet pédagogique centré sur l’éveil, l’hygiène, l’environnement, la découverte corporelle et la socialisation. Le Collège Niciomou Sin (8 classes et 700 élèves en 2016) construit et pourvu en mobilier scolaire en 2004 sous l’impulsion de notre association et l’implication de plusieurs partenaires en France et au Burkina. Nous soutenons l’Association des Parents d’Elèves pour la construction de nouvelles salles de cours pour faciliter les conditions d’enseignement des professeurs nommés par le Ministère de l’Enseignement burkinabè.

La Maison Familiale, ouverte depuis 2009 aux jeunes de 14 à 20 ans, a pour vocation le renforcement des capacités techniques et humaines des jeunes en vue du développement local. Des salles de cours, des ateliers, un réfectoire, un puits ont été construits sur un domaine d’environ 5 hectares, avec notre appui, celui de l’association des parents et de « Kalipacha » de Coulommiers-77. Le projet pédagogique intègre des cours théoriques en alternance avec des formations en ateliers (fabrication de grillage, couture, habillage de chaises, transformation de produits locaux), des stages et la participation quotidienne à des travaux de production sur le site : élevage, maraîchage, dans le respect de l’environnement.

Et en Développement local :
Les activités de l’Association des Femmes : plusieurs groupes de femmes se sont constitués pour défricher, clôturer, délimiter leurs parcelles sur 3 hectares de terrain afin d’y cultiver des légumes destinés à l’alimentation de leurs familles et à la vente. Nous avons contribué à l’achat d’arrosoirs puis, en partenariat avec ESF PACA (Electriciens Sans Frontière), à l’installation de pompes à corde et de panneaux solaires sur les puits et au raccordement du château d’eau à chaque parcelle. Les tâches journalières des femmes ont été améliorées grâce aux moulins qui leur permettent de moudre sans effort le mil et les graines de karité.

La laine que nous faisons parvenir leur permet de poursuivre l’atelier tricot. La sauvegarde de l’environnement : la région de la boucle du Mouhoun est confrontée aux problèmes de dégradation des ressources naturelles car chaque année les besoins en consommation de bois sont bien supérieurs aux actions de reboisement. Nous soutenons, en partenariat avec l’association Kalipacha (Coulommiers), les incitations à une utilisation plus rationnelle de l’énergie, au reboisement, et l’orientation des villageois vers des techniques agricoles naturelles et respectueuses de l’environnement.

David Demaison NEBIE

PARTAGER :                          
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique