Province du Mouhoun : Environ 300 millions de F CFA pour lutter contre les mutilations génitales féminines

Publié le mercredi 3 avril 2019 à 19h31min

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Province du Mouhoun : Environ 300 millions de F CFA pour lutter contre les mutilations génitales féminines

L’ONG Mwangaza action, en consortium avec Plan international Burkina Faso, a procédé, le vendredi 28 mars 2019 à Dédougou, au lancement officiel du Projet de lutte contre les mutilations génitales féminines et la promotion de la santé sexuelle et reproductive. Le projet s’étalera sur 36 mois et mobilisera 295 180 779 de F CFA pour 100 villages bénéficiaires de la province du Mouhoun.

Porté par Mwangaza action et Plan international Burkina Faso, le Projet de lutte contre les mutilations génitales féminines et la promotion de la santé sexuelle et reproductive est soutenu financièrement par l’Agence autrichienne pour le développement (ADA). L’atelier de lancement de ce projet s’est tenu dans la ville de Dédougou, chef -lieu de la province bénéficiaire, le vendredi 28 mars 2019.

La cérémonie du jour a été présidée par le haut-commissaire de la province du Mouhoun, Moussa Zabré. Prenant la parole, le représentant du maire de Dédougou a salué la pertinence du projet porté par Mwangaza action et Plan international Burkina. Ce projet éminemment social va permettre à la femme, selon le délégué communal, de sauvegarder sa santé sexuelle.

Après ce mot de bienvenue, les représentants des structures porteuses du projet ont fait un bref aperçu de leur mission et des activités qu’elles mènent au Burkina Faso. Il ressort que Mwangaza action est une organisation non-gouvernementale sous-régionale et internationale. Le nom de l’ONG (Mwangaza) est inspiré de la langue swahili et signifie « la lumière et la clarté ». Mwangaza action a été créée en novembre 1995 et reconnue officiellement en 1996. Au Burkina Faso, l’ONG est porteuse de projets à l’Est, au Centre-Ouest, dans le Sahel, au Centre et au Centre-Nord. Elle œuvre particulièrement contre les IST et le VIH/Sida, pour la protection de l’enfant, pour la santé de la mère et de la reproduction.

Le second partenaire, Plan international, a été créé en 1937 en Espagne et est présent dans 73 pays à travers le monde. Le Burkina Faso fait partie des 52 pays bénéficiaires. Avec le système de parrainage pour financer les projets, Plan international Burkina couvre neuf régions sur les treize que compte le pays. Avec sa stratégie mondiale 2017-2022, Plan international Burkina se focalise sur la jeune fille qui peut changer le monde. C’est la raison pour laquelle il œuvre pour l’exécution du Projet de lutte contre les Mutilations génitales féminines (MGF).

Après la prise de contact avec les partenaires en consortium pour l’exécution du projet, Olivia Ouédraogo, conseillère en protection de l’enfant et du genre à Plan International Burkina Faso, a fait la présentation du projet avec une projection du plan global. Elle a alors déroulé le contexte justificatif du projet. Il y ressort que la gent féminine, en plus d’être confinée aux tâches ménagères au détriment de sa scolarisation, a un faible pouvoir économique et est exposée aux MGF avec un accès limité aux services de santé. Selon les statistiques de 2017 du ministère de la Santé, la prévalence de l’utilisation des méthodes modernes de contraception est de 54,6% dans la province du Mouhoun, contre 31,7% au niveau national. Nonobstant l’accès aux méthodes modernes, la persistance de la pratique des MGF est une réalité, selon les enquêtes.

L’objectif de Mwangaza action et de Plan international Burkina est de contribuer à l’amélioration de la santé sexuelle et reproductive des femmes et à créer un environnement social pour un dialogue ouvert en vue de l’abandon des mutilations génitales féminines. Etalé sur trois ans, le projet a débuté en 2018 et prendra fin en 2020. Les activités couvriront, selon madame Ouédraogo, 100 villages de la province du Mouhoun. Les communes bénéficiaires sont Bondoukuy, Dédougou, Douroula, Kona, Ouarkoye, Safané et Tchériba.

Le budget global du projet s’élève à 4 500 000 euros, soit 295 180 779 F CFA. Après cette présentation exhaustive du projet, le haut-commissaire a estimé que le projet est un défi à relever et a exhorté l’assistance en ces termes : « Ce lancement ouvre des défis pour nous, à savoir assurer l’atteinte des résultats escomptés au bout des 36 mois de réalisation, c’est-à-dire en octobre 2021. Je vous exhorte à un engagement sans faille et continu aux côtés de Mwangaza action et Plan international Burkina Faso ».

Au sortir de l’atelier, des personnes ressources du projet ont donné leurs impressions. Jules Ouaro de Mwangaza action a souhaité un plein succès à l’équipe de mise en œuvre du projet et a invité les populations à se l’approprier pour l’atteinte des objectifs. Issaka Congo, directeur de la mise en œuvre des programmes à Plan international Burkina, a expliqué que le projet entre dans le cadre du plan stratégique quinquennal 2019-2023 de Plan international Burkina qui a un volet très important sur la promotion de la santé sexuelle et reproductive. M. Congo a reconnu que la pratique des MGF a la peau dure dans nos contrées, d’où la décision de Plan international d’accompagner ce projet triennal sur la période de 2018-2020.

Sur ces trois années de sensibilisation, de communication et de prise en charge, l’ONG Mwangaza action aura un rôle très important pour la mise en œuvre du projet. Jules Ouaro, assistant de programme à Mwangaza action, a expliqué la stratégie de mise en œuvre : « Nous allons surtout mettre l’accent sur la mobilisation sociale et participative des communautés. Mwangaza action a une forte expérience dans la lutte contre les MGF. Ce sera essentiellement des activités de communication pour le changement social en impliquant toutes les composantes de la société ».

Il a également mentionné qu’au-delà des communautés, il y aura la collaboration avec les structures techniques comme la Direction provinciale de la femme et celle de la santé afin de faciliter la prise en charge psycho-sociale et la réparation des séquelles dues aux mutilations génitales féminines. Le représentant de Mwangaza action a lancé un cri du cœur aux populations en ces termes : « La pratique de l’excision a des conséquences graves avec des séquelles qui peuvent nuire à l’épanouissement de la femme et particulière à sa maternité ».

Par ailleurs, la mise en œuvre du projet dans la province du Mouhoun a été saluée par le Secrétariat permanent du Conseil national de la lutte contre la pratique de l’excision, à travers sa représentante Viviane Sanou/Taro. Elle a reconnu que ce projet est salutaire et judicieux dans la mesure où le gouvernement à lui seul ne peut pas tout faire. Pour elle, Mwangaza action et Plan international Burkina Faso sont des partenaires qui vont œuvrer, à travers ce projet, à mettre en pratique le plan stratégique national de lutte contre l’excision entamé depuis 2016.

Mme Taro a alors invité les populations bénéficiaires à adhérer au projet en se rendant aux centres de santé pour les prises en charge et pour les réparations de séquelles au moment venu. Elle a invité les populations à se donner la main pour mettre fin aux mutilations génitales féminines au Burkina Faso et particulièrement dans la province du Mouhoun.

D. LAWALI

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