Unité et développement endogène du pays san : L’AJUDE-BF aborde le rôle et la responsabilité des jeunes

Publié le jeudi 19 août 2021 à 18h27min

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Unité et développement endogène du pays san : L’AJUDE-BF aborde le rôle et la responsabilité des jeunes

L’Association des jeunes pour l’unité et le développement endogène du Burkina Faso (AJUDE – BF) a organisé, le samedi 14 août 2021 à Toma, une conférence sur le rôle et la responsabilité de la jeunesse dans l’unité et le développement endogène du pays san. Cette conférence avait pour objectif de contribuer à la conscientisation des jeunes en vue d’une convergence des forces pour un développement durable du pays san. L’ex Premier ministre Paul Kaba Thiéba et Léon-Paul Toé, conseiller spécial de l’actuel Premier ministre, ont décortiqué le sujet en deux communications. Elles étaient placées sous la modération de Francis Paré, responsable de l’organisation administrative et du développement des ressources humaines de la Caisse de dépôt et de consignation. Les participants ont bénéficié du partage d’expériences de Zéphirin Paré, P-DG du complexe Bientama.

« Rôle et responsabilité de la jeunesse dans l’unité et le développement du pays san ». C’est autour de ce thème que l’Association des jeunes pour l’unité et le développement endogène du Burkina Faso (AJUDE – BF) a réuni les jeunes du pays san dans la salle polyvalente de Toma pour échanger sur leur participation au développement de leur région. Selon le président de l’AJUDE – BF, cette conférence avait pour objectif de créer un cadre d’échanges pour un changement des mentalités des jeunes sur les questions du développement pour un devenir meilleur du pays san. « Il nous faut obligatoirement changer de paradigmes de développement si nous voulons toujours exister dans cent ans en tant que san », a laissé entendre Oscar Séraphin Ki.

Pour Léon-Paul Toé, il faut travailler à enseigner la culture san aux jeunes de la région

Léon-Paul Toé a ouvert la série des communications, en se penchant sur ‘‘Les potentialités culturelles et l’intelligence collective du pays san’’. Les familles genèses du pays san sont entre autres les Yado, les Yalai, les Yawala, a-t-il dit. Il a souligné la diversité des valeurs culturelles du pays san. Il a cité en exemple la lutte qui est aujourd’hui reconnue jusqu’aux jeux olympiques et le zamané, mets très prisé au Burkina et à l’extérieur, qui font partie des richesses culturelles du San-piè (pays san).

Après avoir donné un aperçu sur les potentialités culturelles du pays san, M. Toé a déploré la méconnaissance de cette diversité culturelle par les jeunes. « Si on ne fait pas un travail de regain collectif, on pourrait disparaître », a-t-il prévenu.

Mécanismes d’intégration

Le directeur de la Caisse de dépôts et de consignation a articulé sa communication sur trois axes : contenu des concepts clés, aperçu sur le développement en pays san et stratégies de développement endogène du pays san intégrant la jeunesse.
D’abord, dans le développement des concepts-clés, Paul Kaba Thiéba a précisé que le pays san regroupe les actuelles provinces du Sourou et du Nayala. « Il s’agit du "San-piè" renvoyant à la communauté san et aux autres communautés permanemment installées dans le terroir traditionnellement occupé par les Sanan », a-t-il expliqué.

Paul Kaba Thiéba appelle le pays san à préférer la politique du développement à la politique politicienne

Se référant aux résultats préliminaires du recensement général de la population et de l’habitation, il a indiqué que les deux provinces cumulent une population résidente de 508 037 habitants, dont 50,23% de femmes. Quant aux populations de moins de 20 ans, elles représentent 58,98%, dont 35,78% ont un âge compris entre 15 et 35 ans. « Du recensement général de la population et de l’habitat de 2006 à celui de 2019, le taux de croissance moyen annuel de la population des deux provinces est passé de 2,2% à 3,1%. »

Ensuite, l’aperçu sur le développement en pays san a été présenté sur le plan économique, sur le plan social et sur celui de l’environnement. En effet, le pays San regorge d’innombrables forces et opportunités économiques, sociales et environnementales. En agriculture, plus de 302 000 hectares se prêtent à des usages divers. La vallée du Sourou par exemple, a une potentialité de production agricole annuelle en moyenne de 110 000 tonnes avec un apport financier de 15 milliards de francs CFA.

Des participants attentifs

Les potentialités halieutiques et pastorales sont aussi remarquables. Selon l’ex chef du gouvernement, le bassin du Sourou procure un chiffre d’affaires global d’environ 545 millions de FCFA par an. Quant au potentiel artisanal, « il convient de l’organiser et de le développer », a-t-il souligné. Le sous-sol du pays san est riche et diversifié.

Sur le plan social, la première potentialité relevée est la jeunesse. Elle constitue plus de la moitié de la population. Pour ce qui concerne l’éducation, les acquis sont relativement appréciables, à en croire le conférencier, qui fait remarquer cependant que beaucoup reste à faire.

Le potentiel culturel est important avec des possibilités d’organisation de foires culturelles d’envergure nationale, voire internationale. En matière de santé et de bien-être social, le pays san a bénéficié de certains legs traditionnels de référence. Il s’agit, entre autres, du marigot sacré Nayala de Zouma, du Goudo (une terre qui guérit les fractures aux membres) et Fou-you de Koin (médicament contre l’impuissance sexuelle), du Tou golé de Kawa (puit où on formule des vœux), etc.

Au plan environnemental, le San-Piè bénéficie des grâces de la nature. Selon Paul Kaba Thiéba, il profite d’un relief propice à toutes les activités, d’un positionnement géographique national stratégique et de deux grands cours d’eau (Sourou, Mouhoun) avec des galeries à valoriser.

Photos de famille de quelques invités à l’issue des échanges

Les faiblesses et les menaces existantes dans le pays San ont été abordées. Ce sont l’absence de retenues d’eau, d’unités de transformation, de modernisation de l’agriculture et de la création de filières ; la faiblesse du réseau routier, de l’activité commerciale, du niveau de revenus des populations, de l’organisation de la jeunesse à l’échelle du pays san, de l’enseignement technique professionnel et de la faiblesse des activités de restauration de l’environnement. Il y a également l’influence des autres cultures entraînant l’attrition progressive de l’endo-culture san et la dégradation de la solidarité mécanique. L’ex Premier ministre a souligné d’importants défis à relever. Il s’agit des défis démographiques et sanitaires, des défis alimentaires et des défis sécuritaires.

Enfin, en ce qui concerne les stratégies de développement endogène du pays san, Paul Kaba Thiéba conseille « de comprendre et d’intérioriser les stratégies de développement durable basées sur une articulation permanente de l’économie du social et de l’environnement. » Cela passera nécessairement par l’union et l’unité, par une jeunesse éduquée consciente, organisée et disciplinée, artisan du développement endogène. Cela doit aussi passer par le développement des unités de production, de transformation et de distribution des produits, le développement des institutions de financement du développement endogène et le développement d’un environnement sécuritaire autocentré.

Au terme de son exposé, le directeur de la Caisse de dépôt et de consignation a émis deux questions qui se posent au développement : « Qui et comment ? ». Pour lui, le ‘‘qui’’ représente la jeunesse. Celle-ci passera « par l’union et par l’approche endogène en partant de ce que l’on est et de ce que l’on a », pour ainsi répondre à la problématique du ‘‘comment’’.

En résumé, il note que le pays san regorge d’innombrables potentialités. Cependant, des faiblesses et des insuffisances existent. Pour les résoudre, Paul Kaba Thiéba propose une posture épistémologique. Il cite l’un des « héritages immatériels du pays San » qu’est le Pr Joseph Ki-Zerbo qui aimait dire qu’ : « On ne développe pas, on se développe. Le développement c’est la multiplication des choix quantitatifs et qualitatifs, le passage de soi à soi-même, à un niveau supérieur ».

Zéphirin Paré conseille aux jeunes de se former avant d’entreprendre

Le P-DG du complexe Bientama a partagé son expérience en tant qu’acteur du développement économique local. Pour lui, entreprendre requiert de l’honnêteté, de la discipline et une capacité de voir des opportunités là où les autres n’en voient pas. Il a également insisté sur l’importance de la diversification des entreprises en pays san. « Entreprendre ce n’est pas seulement ouvrir des maquis. Autant cela rapporte de l’argent, autant cela nous détruit », a souligné Zéphirin Paré. Il a cependant déploré le recul de l’éducation dans le pays san.

Au cours des échanges, les questions étaient essentiellement axées sur le développement du terroir san, la création d’emplois afin de diminuer le taux de chômage. Elles ont également porté sur l’entreprenariat et l’animation de la vie culturelle. En outre, les jeunes ont demandé la réouverture du centre de formation des jeunes filles à Tougan et l’aménagement des bas-fonds.

Il faut noter que d’autres ressortissants ont apporté leur touche aux échanges. Il s’agit de Maurice Dieudonné Bonanet, ancien ministre en charge de l’habitat et de l’urbanisme par ailleurs ancien député du Nayala, de Jean-Baptiste Dalla ancien député du Nayala et du Pr Patrice Toé, vice-président de l’université Nazi Boni. Bien avant le début de la conférence, M Bitibaly, enseignant en économie à l’université Thomas Sankara, et Ali Paré du ministère en charge de la jeunesse ont prodigué des conseils aux nouveaux bacheliers dans le choix de leurs filières.

Yidalawala Isaac Ki-Zerbo (Stagiaire)

Lefaso.net

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