Boucle du Mouhoun : Qui veut semer la zizanie dans le monde de la presse ?

Publié le mardi 13 décembre 2022 à 14h42min

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Boucle du Mouhoun : Qui veut semer la zizanie dans le monde de la presse ?

Lors de la célébration du 62e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, dans la région de la Boucle du Mouhoun, un petit incident est intervenu au cours de la tenue de l’évènement. En effet, en pleine commémoration, il a été publiquement instruit et annoncé que « seule la RTB avait l’autorisation de faire des images ».

Tout se passait bien ce dimanche 11 décembre 2022 au matin dans la cour du gouvernorat de Dédougou où devait se tenir la cérémonie officielle régionale de célébration du 62e anniversaire de l’accession à l’indépendance du Burkina Faso.
Le gouverneur venait à peine de livrer son message à l’occasion de cette journée historique du pays des hommes intègres. Pendant que les récipiendaires sont invités à occuper la place qui est la leur pour recevoir leurs décorations, on entend résonner dans les baffles, installés pour la circonstance, que « seule la RTB a l’autorisation de faire des images.

Ces sont des instructions », a lancé le maître de cérémonie.
Surpris, les autres organes de presse présents à l’activité décident d’aller vers les organisateurs pour comprendre. Même son de cloche : « ce sont des instructions ». Mais, qui est à l’initiative de cette instruction ? Personne pour répondre. Avec l’insistance et le refus de céder à cette injonction, les journalistes réussissent à arracher aux organisateurs une autorisation encadrée de faire des images de la décoration. A tour de rôle, chaque homme de média passait donc pour faire ses clichés.

Cette situation a posé problème d’autant plus que la presse dans son ensemble a dûment été conviée à la cérémonie. Ainsi, dans une correspondance datée du 9 décembre 2022 et adressée à tout organe de presse, on peut lire ceci : « Notre pays, le Burkina Faso commémore le 62e anniversaire de son accession à l’indépendance le 11 décembre 2022 dans un contexte de défi sécuritaire et de difficultés budgétaires. A cet effet, il a été recommandé une célébration dans la sobriété et ce dans les gouvernorats. Par la présente, le comité d’organisation sollicite votre accompagnement et vous invite à prendre part à la cérémonie de prise d’armes suivie de décorations ».

Cet ordre de ségrégation, en toute bonne logique, tombe comme un cheveu dans la soupe et reste en travers de la gorge. Elle n’avait pas lieu d’être, à moins de dire clairement ce que l’on reproche à ceux qui se sont sentis mis à l’écart.
Interrogé sur la question à l’issue de la cérémonie pour savoir s’il était à l’initiative d’une telle instruction, le gouverneur a expliqué qu’il s’agissait d’une question d’organisation.

« C’est pour éviter qu’il y ait du désordre sur l’aire de la cérémonie », a-t-il dit avant d’appeler à la tolérance. « Nous sommes dans un esprit de tolérance. A présent que l’exercice est fini, nous pouvons prendre des photos avec qui nous voulons. Soyons tolérants, l’entraide, aimons-nous, acceptons-nous, cultivons des valeurs de paix. Ne faisons pas un problème autour de ça », a lancé celui qui a présidé la cérémonie.

Il demeure que des instructions du genre traduisent insidieusement une volonté de semer la zizanie dans le monde de la presse au niveau régional. Plus profondément, ce comportement de division crée des frustrations inutiles dans un contexte où le discours officiel appelle à l’union de toutes les composantes de la nation pour relever les défis auxquels le Burkina Faso fait face.

Yacouba SAMA

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