Dédougou : Des ménagères gagnent leur vie en produisant des plants

Publié le lundi 20 février 2023 à 17h39min

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Dédougou : Des ménagères gagnent leur vie en produisant des plants

Il n’y a pas qu’une seule façon de gagner sa vie dans la cité du Bankuy. Maïmounata Dianda et ses camarades ont bien compris cette leçon. Aude Claudine Ki les emploie dans sa pépinière. Ce travail, selon elles, leur permet de subvenir à leurs besoins élémentaires et de développer de petites activités génératrices de revenus.

Maïmounata Dianda et cinq autres femmes de la ville de Dédougou ont décidé de rompre avec l’oisiveté en cette saison sèche. Aude Claudine Ki a engagé l’équipe dans sa ferme située dans le quartier Moundasso, au secteur 6 de Dédougou.

Propriétaire d’une portion de terre de plus d’un hectare, celle que ses employées appellent la patronne y mène diverses activités comme l’élevage de volaille et la production de plants. Ladite propriétaire est fière de parler des six femmes, toutes ménagères. « Ces femmes sont la cheville ouvrière dans la production des pépinières que vous pouvez constater dans la ferme », se réjouit-elle.

Dans le répertoire de plantes produites dans la ferme, on trouve différentes variétés végétales. Il y a des eucalyptus, de l’anacarde et du moringa. A ce lot de plantes s’ajoutent des espèces florales comme des bougainvilliers, des couronnes du christ, des belles du jour et des flamboyants de plusieurs sortes.

Ces femmes vont partout dans la ville de Dédougou à la recherche de sachets plastiques

Ce travail, elle le fait depuis 2014, avant sa rencontre avec Maïmounata Dianda et ses camarades dont elle évoque les circonstances comme si c’était hier. « Au départ, j’avais engagé un homme pour veiller sur la ferme. Un jour, Maïmounata Dianda est venue voir ce dernier pour lui demander de me transmettre un message selon lequel elle est à la recherche de travail. Ma première réponse à la sollicitation était que je n’avais pas de travail à lui proposer », se remémore madame Ki.

Imperturbable sur son objectif de trouver quoi faire, la ménagère a continué à taper à la porte d’Aude Claudine Ki. « Mon but était de trouver coûte que coûte une activité à mener qui allait me rapporter un peu d’argent, surtout pendant la saison sèche », confie la chercheuse de travail d’alors. Sa persévérance a payé enfin. Elle a été engagée par la propriétaire de la ferme pour changer les pots abîmés des plants dès la première année de travail. Y travaillant depuis six bonnes années, madame Dianda a vite gagné la confiance de son employeuse. « Au regard de sa volonté et de sa participation à la vie de la ferme, la confiance s’est vite installée entre nous », a témoigné Claudine Ki, avant de poursuivre : « Je lui ai alors proposé de trouver d’autres femmes qui acceptent de faire le travail ». C’est ainsi que ces femmes se sont retrouvées au service d’Aude Claudine Ki.

Quête de pain et écocitoyenneté s’entremêlent

Aude Claudine Ki, propriétaire de la ferme où travaillent les six ménagères

Le travail demandé à ces ménagères consiste à collecter des sachets plastiques (sachets d’eau de 25 F CFA). « Quand nous allons à des mariages ou à des baptêmes, nous ramassons les sachets que les gens jettent après en avoir consommé l’eau », relate Fatimata Dianda, une des six. Ces femmes parcourent également la ville de Dédougou à travers les dépôts d’ordures à la recherche de cet objet « précieux ». Selon la patronne, ce geste est doublement bénéfique. Car il témoigne du sens de ces femmes de garder propre leur cadre de vie, et leur permet de tirer des avantages économiques.

Une fois les sachets collectés, elles les ouvrent d’un côté, et de l’autre, les perforent à deux endroits. Par la suite, ces sachets sont remplis de terre non-argileuse mélangée avec de la fumure organique, histoire de faciliter l’infiltration de l’eau et le développement rapide des plantes. Ces sachets qui contiennent de la terre sont bien arrosés pour servir soit à l’ensemencement des grains, soit au repiquage des plants.

Trois des six femmes travaillant à la ferme

En contrepartie de leurs efforts, les femmes perçoivent une rétribution. Pour 1 000 sachets collectés, la personne empoche la somme de 2 500 F CFA ; alors que les remplir de terre rapporte 3 500 F CFA.

Nous avons rencontré, sur le site de la ferme, trois des six femmes. Elles ont eu de la peine à cacher leur satisfaction de travailler. A en croire ces dernières, l’argent obtenu de ce travail permet de s’occuper de leurs familles respectives et de mener de petites activités commerciales. « Chacune de nous ici peut témoigner. Nous utilisons l’argent pour faire du commerce de fruits comme la banane et les mangues. Nous fabriquons aussi du savon pour vendre », a confié Maïmounata Dianda.

Ces femmes rêvent de voir leur employeuse agrandir son jardin pour leur donner plus d’opportunités de travail. Mais leur vœu bute contre une réalité peu reluisante : le problème d’eau sur le site. Le puits creusé à cet effet au sein de la ferme tarit régulièrement. Cette donne hypothèque les ambitions d’Aude Claudine Ki et assombrit le rêve de ces femmes battantes.

Yacouba SAMA

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