Violences à l’égard des femmes et des filles dans la Boucle du Mouhoun : Les violences physique et morale, plus récurrentes

Publié le dimanche 21 juin 2015 à 21h43min

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Violences à l’égard des femmes et des filles dans la Boucle du Mouhoun : Les violences physique et morale, plus récurrentes

On note une diversité de violences à l’égard des femmes et des filles quel que soit le niveau social, le lieu de résidence ou encore l’origine socioculturelle dans la Boucle du Mouhoun. Ces violences sont à la fois physiques, morales ou psychologiques dans les six provinces de la région. Il s’agit des Balé, du Banwa, de la Kossi, du Mouhoun, du Nayala et du Sourou. Pour ce faire, plusieurs Associations et groupements féminins sont mis en place pour lutter contre le fléau.

De la communication de la directrice régionale de la Promotion de la femme et du genre (DRPFG), Marie Elisabeth Kadeba/Guigma il est ressorti que les témoignages, les enquêtes de terrain et les plaintes même si elles sont rares révèlent des situations préoccupantes dans les six provinces de la région. Et comme le disait la secrétaire générale d’Amnesty international, Irène Khan en 2008, « derrière les portes closes, les femmes subissent les violences qui leur sont infligées par leurs compagnons et leurs parents les plus proches. La honte et la peur les empêchent de parler et lorsqu’elles osent le faire, on ne les prend pas au sérieux ». C’est pourquoi, la DRPFG de la Boucle du Mouhoun, a lancé un cri de cœur à l’ensemble des acteurs pour que main dans la main ils puissent arriver à briser cette peur pour aller vers la dissuasion, et la répression. « Il faut être réaliste, nous avons peur parce que cela risque de briser la famille, peur de ce que l’on peut subir sur le plan mystique, la peur d’être rejetées. Mais, je reste convaincue qu’à l’issue de cette caravane, nous arriverons à briser ces barrières » a-t-elle affirmé.

Du reste, dans le grenier de Ouagadougou, (Boucle du Mouhoun), le phénomène du lévirat est aussi préoccupant même s’il n’est pas très répandu. Les conséquences quant à elles sont d’ordre sanitaire, psychologique mais aussi peut être une source de marginalisation des orphelins et des conflits familiaux. L’excision, elle a été observée dans toutes les provinces de la région et malgré le combat contre cette pratique, des cas ont été enregistrés à Nouna en début d’année 2015. Elle est pratiquée de manière clandestine et devient transfrontalière. Aussi, les mariages précoces, les grossesses non désirées, et l’exclusion sociale ne dérogent pas à la règle. Egalement, il faut ajouter la migration des jeunes filles des zones rurales vers les grands centres urbains comme Bobo Dioulasso et Ouagadougou à la recherche d’un emploi comme aides familiales. Ces dernières, de l’explication de Mme Kadeba, sont à la merci de leurs employeurs qui les exploitent avec de bas salaires, des violences physiques et verbales, des harcèlements sexuels et parfois des viols avec pour conséquences des traumatismes, des grossesses indésirées, des MST, le VIH/SIDA, des avortements.
« Ce phénomène est préoccupant dans toutes les provinces de la région et est très accentué dans le Sourou et dans le Nayala » a ajouté la DRPFG.

Les VEFF, une violation des droits de l’homme

Pour lutter contre toutes ces formes de violences à l’égard des femmes et des filles, des stratégies sont mises en place. Il s’agit de la sensibilisation, la vulgarisation des textes relatifs aux VEFF et du plaidoyer à l’endroit des chefs coutumiers et religieux, et aux partenaires techniques et financiers. En outre, le MPFG de la Boucle du Mouhoun a mis en place des clubs avec la collaboration du ministère de la santé, de l’action sociale. Ils ont pour objectif de sensibiliser les filles dans les établissements sur leurs droits et surtout les motiver à poursuivre leurs études.
Parmi les défis majeurs à relever à court terme dans la lutte contre les VEFF, y figurent l’autonomisation économique de la femme, l’accès au foncier rural, la lutte contre l’analphabétisme de la femme, la scolarisation de la jeune fille et son maintien dans le cursus scolaire, la formation professionnelle, l’éducation aux droits humains et l’application des textes pénaux et lois contre les VEFF.

Pour le secrétaire général de la région, Maxime Bouda, cette initiative permet aux différents acteurs d’être sensibilisés sur les VEFF quand on sait que les violences sont de plusieurs formes dans la région. « Avec l’ensemble des acteurs, les autorités coutumières et religieuses, les associations, nous pourrons fédérer les énergies, accentuer la sensibilisation, l’éducation et surtout aller au-delà de ce qui est prévu au niveau du code pénal » a recommandé M. Bouda. La Boucle du Mouhoun étant connue pour être la première région cotonnière au Burkina, Maxime Bouda a laissé entendre que les femmes devraient bénéficier de cette rame cotonnière. Et pour faire de cela une réalité, il faut sensibiliser parce qu’il n’y a pas de raison qu’elles soient toujours derrière dans une extrême pauvreté.

Aïssata Laure G. Sidibé (Stagiaire)
Lefaso.net

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