Foire du niébé du Sourou : La femme rurale à l’honneur

Publié le mardi 26 avril 2016 à 11h19min

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Foire du niébé du Sourou : La femme rurale à l’honneur

La 7e édition de la foire provinciale du niébé du Sourou s’est tenue les 22 et 23 avril 2016, à Bonou dans la commune de Tougan sous le thème « femmes rurales et agriculture au Burkina Faso ». Expositions-ventes du niébé et ses produits dérivés ainsi que d’autres produits céréaliers, conférence publique, concours d’art culinaire, concours de danse et de chants traditionnels, équipements des groupements de productrices ont marqué ces 48 heures de la fête du niébé. Organisée par l’association YIYE des femmes du Sourou, cette foire, comme les éditions antérieures, a connu la présence d’une forte délégation venue du cercle de Bankass au Mali.

Sur une production nationale de niébé estimée à 571 304 tonnes au cours de la campagne agricole humide 2015-2016, la seule région de la Boucle du Mouhoun en a produit 77 623 tonnes dont 32 239 tonnes pour la seule province du Sourou, soit un taux de production de 42% de la production régionale. Et, cette filière reste majoritairement pratiquée par les femmes dans cette province.
Organisée par l’association YIYE des femmes du Sourou, la foire du niébé se donne pour objectifs de contribuer à la recherche de solutions à la problématique de la production et de la commercialisation de cette denrée en favorisant des relations d’affaires entre productrices et producteurs et opérateurs économiques, mais aussi et surtout permettre à ces producteurs de tirer des revenus justes de leurs efforts afin de contribuer significativement à la lutte contre la pauvreté surtout en milieu rural. De ce fait, le thème de cette 7e édition « Femmes rurales et agriculture au Burkina Faso » est actuel et reflète les réalités de la province du Sourou et de la région de la Boucle du Mouhoun.

« La région de la Boucle du Mouhoun et ses producteurs sont capables de produire suffisamment de cultures vivrières et de cultures de rente sans avoir recours aux importations. Cette réalité me remplit de satisfaction, de fierté à l’idée que nous sommes capables d’être autonomes. C’est donc un message d’encouragement que j’adresse aux vaillants producteurs de la province du Sourou et de la Boucle du Mouhoun. Mes félicitations et mes encouragements à l’association YIYE et en particulier sa présidente, Clémentine Dabiré/Binso », a lancé Justin Somé, le Gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, représentant le Premier ministre lors de la cérémonie d’ouverture de la foire.

Les trois obstacles à lever

Après sept ans d’expérience, la foire du niébé se veut être un véritable lieu de rencontre de l’offre et de la demande ainsi, les acteurs de la filière, les acheteurs et les groupements de productrices trouveront une tribune pour faire des affaires. Mais avant, il faut réussir à lever trois principaux obstacles auxquels les productrices sont confrontées. Il s’agit de :
 la question de la terre créant une instabilité dans l’exploitation agricole ;
 le faible niveau d’alphabétisation des membres et le sous équipement en matériel agricole ;
 la faible formation technique qui entraine la non maîtrise des itinéraires techniques par les femmes.
C’est pourquoi, la promotrice de la manifestation a lancé un appel pressant aux autorités politiques, administratives, coutumières et religieuses afin que ces trois obstacles soient levés.

Une denrée et des valeurs sociales

Aussi bien au Burkina que dans d’autres pays de la sous-région, le niébé (haricot en langue Fulfuldé) véhicule des valeurs sociales. « Le haricot, c’est le plat du cousin à plaisanterie. C’est aussi le plat béni par le Prophète Mohammad (PSL) d’où le fait qu’il est servi de préférence aux cérémonies de baptême et sacrifices funéraires. Dès lors, vous comprenez que cette foire du niébé suscite en nous un fort sentiment d’attachement et beaucoup d’émotions », a précisé Boubacar Kané, préfet du cercle de Bankass, le chef de la délégation malienne.

Par ailleurs, il n’a pas manqué de faire des suggestions pour permettre à cette foire de se préparer à sa mue afin de s’internationaliser davantage, après sept ans d’existence. « Nous suggérons de faire de cet espace un embryon de l’intégration des régions frontalières du Burkina et du Mali. Ce sera le genre de la « semaine de l’amitié et de la fraternité (SAFRA) » dont l’organisation est tournante entre les régions de Kayes (Mali), Sélibabi (Mauritanie), Tambacounda (Sénégal) et une région de la Gambie », a-t-il lancé.
La délégation malienne a apporté dans ses bagages des plats exotiques à base de haricot, de fonio, de sésame, de mil, de jus d’arbres de nos campagnes… Une troupe de danse traditionnelle était également présente et a fortement égayé le public.

Un parrain originaire du village de Bonou

Au niveau national, les provinces du Sanmatenga, du Ioba, du Mouhoun… étaient présentes à cette 7e édition de la foire de « l’or vert » du Burkina.
Organisée par l’association YIYE des femmes du Sourou, la 7e édition de la foire était présidée par l’ancien grand chancelier des ordres burkinabè Mamadou Djerma et parrainée par l’opérateur économique Mamadou Balma, un natif du village de Bonou. Le premier ministre, patron de la cérémonie était représenté par le gouverneur de la Boucle du Mouhoun, qui avait à ses côtés le gouverneur du Sahel. Le ministre de l’urbanisme et de l’habitat, Maurice Dieudonné Bonané également était présent pour accompagner l’initiative des productrices de niébé du Sourou.

YIYE en bref

Créée en 2009, l’association YIYE a pour objectif de mieux organiser les femmes afin qu’elles puissent participer pleinement au développement agricole. YIYE signifie en langue San que les femmes doivent avoir des initiatives pour participer au développement. Elle est constituée de 218 groupements, 3278 productrices réparties dans les huit communes de la province. Plus précisément, l’association Yiyè des femmes du Sourou vise à :
 faire le plaidoyer auprès des autorités coutumières pour la propriété de la terre et auprès des maris pour qu’elles puissent travailler leur propre champ ;
 renforcer les capacités techniques des femmes rurales en agriculture et en transformations des denrées.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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