Nayala : La cohésion sociale entre conflits fonciers et défis de développement

Publié le lundi 8 septembre 2014 à 17h56min

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Nayala : La cohésion sociale entre conflits fonciers et défis de développement

La province du Nayala connaît depuis quelques années de nombreux conflits fonciers avec, par endroits, des développements qui inquiètent quant au maintien de la cohésion sociale. Du moins, il en est ainsi à Toma (Chef-lieu de la province), à Koin, à Gossina, à Goa, à Yaba, à Largogo, et où les conditions de vie des populations sont des moins enviables. Des conflits à objet champêtre, mais aussi aurifère.

Durant l’époque précoloniale, les nécessités de protection contre les razzias et autres formes d’attaque dans les champs ont amené les paysans de cette contrée du Burkina à être des voisins en brousse. En effet, la cession de superficies exploitables se faisait facilement, car chaque demandeur était perçu comme un renfort de plus. C’est ainsi que dans un rayon de champs contigus, des gens – par rotation – veillaient au grain pendant que les autres travaillaient. Et à la moindre intrusion étrangère, la réplique était aussitôt organisée.

De la sorte, différentes familles se retrouvaient pour travailler un même rayon de superficie. Et même des ressortissants de différents villages ont pu parfaitement cohabiter en brousse. A cette nécessité de protection, s’ajoute les formes de cession au neveu, à l’oncle, à l’ami... Une cession sans précision sur le point de savoir s’il s’agit d’un don ou d’un prêt.

Et aujourd’hui, de nombreux problèmes découlent de cette pratique. Les gens se disputent la propriété de telle ou telle superficie sans parfois s’accorder sur un minimum. Or, très peu d’entre eux savent avec exactitude, les limites de la superficie qui aurait appartenue à leur grand-père ou aïeul. Et il semble que l’indication inexacte, et même approximative, de telles limites n’est pas tolérable par ‘’ceux qui ne sont plus de ce monde’’. D’où les conflits fonciers à géométrie variable et aux allures souvent dramatiques entre populations.

Il a failli en être ainsi à Kolan, un village dans cette province de la région de la Boucle du Mouhoun, en 2012. Dans ce village en effet, un conflit foncier a opposé un certain Badiel Souleymane à Kourané Damando. Ce dernier, rentré de la Côte-d’Ivoire a commencé à exploiter une superficie qui aurait été cédée à son père par le chef du village de Kolan. Quant à Badiel, il disait avoir acquis cette même portion de terre auprès des gens de Koin, un village voisin.

Approché, le chef de Kolan dira l’avoir acquise auprès d’une famille de Koin avant de la rétrocéder à la famille Kourané. Les deux protagonistes ont fini par reconnaître que l’espace appartient à Koin. La famille propriétaire approchée, la solution a été dégagée de diviser la superficie litigieuse en deux – assortie d’une zone tampon de trois mètres - entre les protagonistes. Ce qui fut fait à la satisfaction de tous les intervenants dans la gestion dudit conflit.

Si à Kolan cette heureuse solution a été acceptée et mise en œuvre, il n’en est pas de même dans d’autres villages comme Koin qui regorge d’au moins trois conflits fonciers sérieux. De même, entre Gossina et Goa à propos d’une portion aurifère, entre Yaba et Largogo, à Toma, des risques de fracture sociale existent ; qui méritent d’être pris au sérieux. Autant de situations inquiétantes quant à la ‘’santé’’ de la cohésion sociale naguère ciment de la société San, et sur lesquelles nous reviendrons plus en détails dans nos prochaines livraisons.

Fulbert Paré

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