Crise a Dédougou : « Nous demandons le retour de Lamoussa KADINZA »

Publié le lundi 9 mai 2016 à 08h28min

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Crise a Dédougou : « Nous demandons le retour de Lamoussa KADINZA »

Suite au décès de Salif Bokoum qui a mis en colère une partie de la population, entrainant des saccages, les manifestations ont repris de plus belle dans la matinée de ce dimanche 8 mai dans les rues de la Cité de Bankuy.

La tension est encore montée d’un cran dans le village de Koé (ndlr fondateur de « Dèdou ») appelé aujourd’hui Dédougou. Les manifestants veulent s’en prendre à la chefferie coutumière du fait que ceux-ci ont chassé Lamoussa KADINZA, président régional du MBDHP de la ville.

La population de Dédougou en effet se rappellera de cette journée du 3 Mai 2016, « ce mardi noir » qui a traumatisé plus d’un à travers la scène d’un corps sans vie porté par des manifestants à travers la ville, des courses poursuites, voire des « chasses à l’homme » entre pandores et manifestants à coup de gaz lacrymogène et de matraques, des engins du matériels des domiciles saccagés, des autorités administratives et leaders religieux et coutumiers bafoués en voulant jouer un rôle de médiation, des journalistes menacés par des manifestants, la zone administrative sous haute tension et inaccessible, la ville entièrement paralysée. Et pire, les tam-tams de guerre ont résonné au palais royal. C’était un cauchemar.

Le corps de la victime qui avait été transporté par la suite à ouaga pour autopsie a regagné Dédougou au petit matin du jeudi 5 mai suivi de l’enterrement au cimetière, route de Tougan. Les médiations se poursuivaient pour ramener la paix et tendre vers une sortie de crise.

Mais de dimanche, 8 mai 2016, des pneus brulés sur la voie à la limite des barrières placées pour sécuriser le palais royal par des manifestants armés de gourdin indiquaient la tension a repris. Les manifestants scandaient « libérez Kadinza », exigeant le retour de celui-ci dans la ville.

Approché, sa majesté le chef de canton de Dédougou a confié que les infractions qui sont reprochées à M. Kadinza sont liées aux manifestations lors de l’insurrection (qui a connues la fermeture du marché et les maisons brulées) ainsi qu’aux manifestations récentes. Ce qui, pour le chef, est une atteinte aux règles et aux interdits des coutumes bwa.

Selon sa majesté le chef de canton de Dédougou, qui pointe du doigt le sieur Kadinza, militant du MBDHP et d’autres mouvements de lutte, il a été mis au courant des réparations, à savoir un bélier blanc et 3 poulets mais cela n’a jamais été respecté, jusqu’aux manifestations récentes.

Pour le chef coutumier de Dédougou, chaque village a ses traditions et ses coutumes ; « lorsque d’une manière ou d’une autre involontairement et même volontairement vous transgressez les coutumes de quelqu’un, la personne vous rappelle pour vous montrer la voie tracée par les ancêtres » a-t-il poursuivi. Le cas urgent (celui du corps transporté à travers la ville) a été réparé par la chefferie, a ajouté le chef. C’est donc suite au refus de la réparation de ces interdits que le collège des sages a décidé de mettre hors de Dédougou Lamoussa KADINZA, a affirmé le chef de canton.

Aux environs de 12h, quand nous finissions l’interview avec le chef de canton, la situation était toujours tendue entre les manifestants armés de gourdins et le camp des coutumiers avec des jeunes armés aussi de gourdins et des chasseurs dozo venu des différentes localités de Dédougou pour prêter main forte.

Arnaud LOUGUE

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