Périmètre aménagé de Lolonou : 14 ans après, le système est en panne

Publié le mercredi 29 mars 2017 à 16h36min

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Périmètre aménagé de Lolonou : 14 ans après, le système est en panne

Situé à une trentaine de kilomètres de Solenzo et à quelques encablures du village de Kiè, le périmètre aménagé de Lolonou a été mis en valeur depuis 2003 sous l’initiative de Salifou Diallo, ministre de l’Agriculture d’alors et aujourd’hui président de l’Assemblée nationale. Lolonou qui signifie en bwamu« rivière poissonneuse » s’étend sur près de 3000 hectares selon les informations recueillies auprès des responsables locaux, et avec seulement 140 hectares aménagés dont plus de la moitié est inexploitée. Mais 14 ans après l’aménagement, le constat est des plus amers : plus d’une dizaine de motos-pompes en panne, des tuyauteries endommagées, un système d’irrigation défaillant, des installations hydrauliques défectueuses…

L’objectif de cet ambitieux projet était d’offrir aux vaillants producteurs de la localité des opportunités pour mener les cultures de contre-saison et du coup assurer l’autosuffisance alimentaire. Aussi, des installations hydro-agricoles ont été faites pour canaliser l’eau et assurer sa distribution dans les champs. Combien ont coûté toutes ces réalisations ? Nul ne peut répondre avec exactitude à cette question. Mais aujourd’hui que constatons-nous 14 ans après ?

A notre passage le 24 mars 2017, on pouvait voir des tuyauteries endommagées, un système d’irrigation défaillant, des installations hydrauliques saccagées par les hippopotames, des champs abandonnés par les propriétaires. D’autres sources indiquent que le saccage des installations serait l’œuvre des éleveurs hostiles à la réalisation du projet. Il faut noter aussi un ensablement avancé.

En dépit de toutes ces contraintes, quelques producteurs trouvés sur place continuent de produire et se disent satisfaits de leurs rendements. Leur souhait est que les installations soient revues avec désormais des canalisations à ciel ouvert qui facilitent l’usage des motos-pompes. Aussi, il faut prendre des mesures urgentes pour arrêter l’ensablement qui menace sérieusement la survie du site.

A entendre les populations, le projet ministériel était très louable à sa naissance en 2003. Mais au fil des années, le suivi technique n’a pas été assuré si bien que les producteurs se sont découragés. Selon eux, pour réhabiliter Lolonou, il faut impliquer les acteurs privés pour soutenir l’Etat. En clair, il faut faciliter l’accès du site à des opérateurs privés capables d’entreprendre des travaux d’aménagements pour non seulement produire, mais aussi améliorer le quotidien des producteurs locaux sur place.

Cette option à l’avantage de contribuer à la viabilité du site. L’arrivée des acteurs privés peut être aussi une opportunité d’emplois pour les jeunes et surtout contribuer à l’atteinte des objectifs visés en 2003. Il appartient donc à l’Etat à travers ses services déconcentrés d’accompagner toutes les initiatives privées allant dans le sens de la réhabilitation du site de Lolonou.

A en croire un agent de l’agriculture responsable de l’UAT (Unité d’Activités Techniques) de Kiè, l’exploitation sur le site de Lolonou a commencé en 2003 avec une dotation de trois motos-pompes de de 60m3/h qui a servi à emblaver 25 hectares ; ensuite s’en est suivi une autre dotation de trois motos-pompes de 100m3/h pour 50 hectares. Notons que de l’année 2003 à 2006, les producteurs bénéficiaient d’un appui technique constant des services de l’agriculture et des intrants à prix subventionnés par l’Etat. Cependant, à ce jour, le réseau d’aménagement est dans un état de vétusté. L’appui technique bien que toujours assuré par les services de l’agriculture est à ce jour insuffisant ; en somme, le producteur se retrouve livré à lui-même et doit faire face à tant de contraintes que la production de campagne sèche ne lui est plus profitable.

Il est impérieux pour les services de l’Etat à travers le département ministériel de l’agriculture de travailler à sauver ce qui peut l’être encore. Lolonou de par ses potentialités ne mérite pas d’être laissé dans cet état. Pourquoi ne pas y pratiquer de la production semencière, rechercher des partenaires du point de vue de l’amélioration de l’écoulement des denrées ? Pourquoi ne pas remettre à jour la subvention de l’Etat au profit de nos vaillants producteurs, impliquer les producteurs dans l’évaluation de leurs besoins ?

David Demaison Nébié
Correspondant dans la Boucle du Mouhoun
Lefaso.net

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