Solenzo : Lèkoro, ce village entre tradition et modernité

Publié le dimanche 17 décembre 2017 à 23h36min

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Solenzo : Lèkoro, ce village entre tradition et modernité

Lèkoro, village situé dans la commune de Solenzo environ 15 kilomètres dans la province des Banwa, région de la Boucle du Mouhoun, signifie selon les habitants ‘’près du marigot’’ en langue dioula. Selon Dohoun Kiénou chef de terre et de village, Lèkoro fait partie des trois plus anciens villages des Banwa. Les tout premiers occupants sont venus de Kadounba village situé dans le Houet. D’autres habitants sont venus d’horizons divers. Le fondateur Yè Mê Kiénou était un chasseur qui aurait été attiré par une source d’eau intarissable et surtout la fertilité du sol propice à l’agriculture. Aussi a-t-il demandé à s’installer. C’est un village toujours couvert de baobabs, de fromagers et de caïlcédrats centenaires. L’architecture est composée de bâtiments en banco souvent avec des étages qui résistent aux intempéries depuis des décennies. C’est à Lèkoro où nous avons pu voir une forge fonctionnelle datant de plus d’un siècle. C’est un atelier couvert par un banco soutenu par des piliers le tout formant des ouvertures ou on entre en se courbant. Sur le toit arrondi, on voit de l’herbe sèche en cette fin de pluies. A l’intérieur, on remarque des artisans de tous les âges à l’œuvre qui fabriquent pioches, dabas, coupe-coupe, tout ce dont on peut se servir. Un fait marquant, il y a dans cette forge un vieux de plus de quatre-vingt ans qui continue de souffler le feu.

A quelques pas de cette forge, un petit marché de 10 mètres de rayon fait office de centre commercial tous les vendredis. C’est là-bas que les adeptes du gnamou ‘’la bière locale’’ viennent refaire leurs forces après des journées de dur labeur dans les champs. A quelques encablures de ce marché se trouve la concession de Dohoun Kiénou le chef de village de Lèkoro.

Pour la petite histoire de la chefferie, c’est la famille Sanou qui remet la chefferie à la famille Kiénou. Et cela se fait pendant une semaine. La famille Kiénou présente un homme et une femme pour la chefferie. Une fois dans la famille Sanou l’homme et la femme montent sur le toit d’une maison en banco pendant 7 jours et c’est à la descente que l’homme est choisi pour diriger le village. Il nous a fait savoir que les principaux noms de familles à Lèkoro sont les Kiénou, Sanou, Coulibaly, Dao, Traoré.

Les Kiénou sont les dépositaires de la chefferie et cela se fait de père en fils. Une école de six classes constitue la principale infrastructure administrative à ce jour. Elle date de 1999 avec comme premier directeur Kalifa Sanou. Au cours de nos promenades nous sommes tombés sur l’unique Mosquée en banco de 10 tôles. Aussi, nous avons vu une Chapelle également petite qui sert de lieu de culte pour les chrétiens catholiques.C’est un village qui est à la recherche de ses marques sur le plan des infrastructures socio-économiques. Une chose frappante, nous avons constaté que les fils rivalisent dans la construction de bâtiment en matériaux modernes en gardant l’architecture ancienne.

Ce village reculé situé à environ 15 kilomètres de Solenzo a donné à l’Etat burkinabè 25 fonctionnaires dont 2 à la retraite sans compter ceux qui sont dans les écoles de formations. Le chef du village compte sur ce beau monde et surtout les autorités pour booster Lèkoro de son désenclavement. Selon le chef du village et de terre, les fils et filles doivent penser à développer leur village et l’Etat doit les accompagner. Le vieux DohounKiénou a beaucoup déploré la disparition d’une plante médicinale qui les aurait beaucoup sauvés des affres du paludisme il y a quelques décennies.

En outre, il regrette la disparition des pratiques coutumières que les jeunes négligents de nos jours. Pour lui, l’adoration des dieux des ancêtres constitue notre Dieu suprême qu’il ne faut en aucun cas abandonner totalement.A ses côtés ; nous avons remarqué que le vieux Dohoun est beaucoup dans la tradition puisque entouré d’objets occultes. Pour connaître son âge, inutile de demander ; il suffit de compter le tas de cailloux posé à ses pieds.

Un comptage que sa mère défunte aurait commencé depuis sa naissance et que lui il poursuit. Né vers 1929 selon ses dires, Dohoun Kiénou a aujourd’hui 88 ans révolus. Son vœu le plus cher avant de rejoindre les ancêtres est de voir le projet de CSPS en cours aboutir. Avec un teint clair et des cheveux grisâtres, dans sa chaise et portant un boubou traditionnel au milieu des dieux des ancêtres le vieux chef de village scrute l’horizon avec un air serein.

David Demaison NEBIE

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