Tchériba : La poterie s’exporte hors des frontières burkinabè

Publié le mercredi 24 janvier 2018 à 15h56min

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Tchériba :  La poterie s’exporte hors des frontières burkinabè

Nous avons fouillé le sol de Tchériba le mardi 16 janvier 2018 à l’occasion de la journée de redevabilité et d’interpellation citoyenne de la commune. Nous avons profité pour nous intéresser au potentiel de la commune surtout son artisanat (la poterie). Nous vous invitons à faire un tour de tourisme dans cette localité.

La Commune rurale de Tchériba est située dans la partie Est de la province du Mouhoun et de la Région de la Boucle du Mouhoun. Sa superficie s’étend sur près de 1307,57km². Elle fait ses frontières au Nord par la commune de Douroula, à l’Ouest par la commune rurale de Safané, au Sud par celle de Ouri (province des Balé), à l’Est et au Sud-Est par la commune de Tenado (province du Sanguié), au Nord et au Nord-Est par respectivement les communes de Yé et Gossina (province du Nayala).

Elle comprend 29 villages qui sont : Bankorosso, Banouba, Bekeyou, Beneyou, Bissanderou, Da, Didié, Djissasso, Douroukou, Etouayou, Gamadougou, Kana, Kari, Labien, Nerekorosso, Oualou, Oualoubié, Ouézala, Ouala, Sao, Sirakelé, Tchériba (chef-lieu de Commune) Tierkou, Tikan, Tissé, Youlou, Yéyon et Zékuy. C’est la RN 14 qui traverse la commune d’Est en Ouest reliant le village de Koudougou (chef-lieu de la région du Centre-Ouest et de la province du Boulkiemdé) à celle de Dédougou (chef-lieu de la région de la Boucle du Mouhoun et de la province du Mouhoun) en passant par le chef-lieu de la commune Tchériba, située 185km de Ouagadougou la capitale politique du Burkina Faso et à 50km de Dédougou.

Ce qui frappe l’attention du passant dans la ville de Tchériba, ce sont les objets de poterie exposés par les braves dames en plein cœur de la ville. Ce point d’exposition qui sert de point d’arrêt pour les véhicules empruntant la Route Nationale 14 reliant Koudougou et Dédougou est régulièrement envahi par les passagers. Dès l’arrêt d’un car, c’est la bousculade chez les vendeuses pour présenter les produits aux passagers qui souvent ont l’embarras du choix tant les articles sont diversifiés. On peut y trouver des objets de décorations et des ustensiles de cuisine, des soupières, des assiettes, des plateaux, des canaris, des jarres, des fourneaux, des carafes, des coffres, des pots de fleurs, des mortiers, des tasses à café, des théières, bref tout ce qu’il faut pour équiper sa maison et sa table.

Les nostalgiques du temps passé peuvent prendre leurs repas dans certains récipients fabriqués par ces dames. Ce qu’il faut savoir c’est que cette activité implique beaucoup d’acteurs : d’abord les potières qui font la fabrique avec la matière première qui est l’argile. Le travail de peinture et de coloration est réservé à des artisans de la commune qui y mettent leur génie. Quant aux aspects de plumage et l’ajout de certains fruits sauvages comme les concombres, cela relève d’un fournisseur de Ouagadougou qui est en lien avec les vendeuses qui sont les dernières de la chaîne.

Pour ce qui est des prix, ils varient selon la taille et les matériaux utilisés pour la fabrication. Ainsi on a des prix discutables compris entre 6.000F, 3.000F, 2.250F, 1.500F, 1.250F, 1.000F, 6.00F pour dire que toutes les bourses peuvent acquérir quelque chose sur ce marché. Selon les vendeuses trouvées sur place, l’activité leur est rentable puisqu’elles arrivent à faire face à certaines charges familiales telles que l’habillement, la scolarité et les soins des enfants. A les entendre, le chiffre d’affaires oscille entre 15.000 francs et 20.000 francs quand il y a un bon marché car les jours se suivent mais ne se ressemblent pas.

Il faut ajouter que ces objets de Tchériba sont achetés par d’autres commerçants qui les exposent à leur tour dans d’autres villes du Burkina, voire au-delà des frontières nationales. Donc Tchériba s’expose au-delà de ses limites communales. L’ambiance de ce marché d’objets d’art de Tchériba est faite de petites scènes entre les chauffeurs pressés d’arriver et les passagers qui veulent apprécier avant de se décider à choisir entre la panoplie d’objets présentés. Cela engendre des pertes de monnaies aussi bien chez les clients que chez les vendeuses.

Il arrive même que des passagers descendus pour mieux apprécier soient abandonnés ou encore que des vendeuses montées dans le car soient déposées quelque part, par le car qui a bougé à leur surprise. Il y a aussi le cas des vendeuses qui cassent leurs objets en voulant les exhiber aux passagers par les ouvertures des véhicules. De toutes ces scènes quotidiennes sur les lieux ce qu’il faut craindre le plus ce sont les risques d’accident quand on voit la façon dont les vendeuses se ruent vers les véhicules en traversant le bitume.

A défaut de discipliner ces dames préoccupées par la recherche de leur gain, nous suggérons à tout usager de cette route d’observer la prudence à l’entrée de Tchériba. Tout compte fait, ces objets sont beaucoup appréciés par tous ceux qui s’en procurent. C’est le cas de cette dame qui dit en acheter chaque fois qu’elle est de passage pour sa décoration personnelle et surtout pour des cadeaux à des amis nationaux et expatriés. Elle dit le faire pour valoriser l’artisanat local et en même temps soutenir ces potières. Elle va plus loin en affirmant conserver certaines sauces dans ces pots en terre cuite pour en garder le goût. Elle est même fière de préparer et de servir le repas de certains invités de marque chez elle dans ces récipients.

Ce qu’il faut souhaiter c’est la préservation du riche patrimoine culturel pour les générations futures par un effort d’éducation puisque ces objets continuent d’être exigés dans certains rites coutumiers chez beaucoup de peuples. Ces braves dames ont besoin du soutien de tous à commencer par les autorités communales, provinciales et même nationales pour mieux organiser leur activité.

Pour terminer nous vous livrons un secret d’amour donné par une vieille femme : « Une bonne femme doit préparer et servir le repas avec les ustensiles, en terre cuite au moins deux ou trois fois dans l’année pour son mari ; cela revêt un grand secret d’amour que je ne vais pas détailler ». Un conseil donc pour nos jeunes dames pour tenter l’expérience pourquoi pas le 14 février prochain, le jour de la Saint Valentin dite fête des amoureux.

David Demaison NEBIE
Lefaso.net

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