Mamadou Séré, maire de la commune de Safané : « J’ai personnellement placé ma gestion sous l’angle de la concertation »

Publié le vendredi 4 mai 2018 à 10h25min

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Mamadou Séré, maire de la commune de Safané : « J’ai personnellement placé ma gestion sous l’angle de la concertation »

A l’issue de la journée dite de la redevabilité dans la commune de Safané, nous avons eu un entretien avec l’édile de la commune, localité située à 55 km de Dédougou province du Mouhoun. Dans cet entretien il dévoile son secret sur la gestion de sa commune et plus de détails sur les réalisations faites en 18 mois depuis l’installation du conseil municipal.

Pouvez-vous vous présenter et aussi présenter votre commune ?
Je m’appelle Mamadou SERE, Maire de la commune de Safané depuis juin 2016.
La commune de Safané est une des sept communes de la province du Mouhoun. Elle compte 40 villages et environ 62 000 habitants en 2018.

Quelle est la composition du conseil municipal et dans quelles conditions travaillez-vous ?

Mamadou SERE : Le Conseil municipal est composé de 81 conseillers répartis entre six formations politiques (Les CDP, le MPP, le NTD, l’UFP, l’UPC et l’UPR, ndlr). La gestion d’un tel conseil nécessite de la méthode et des principes, en termes de risques aussi bien au sein du parti majoritaire que vis-à-vis des autres partis.

Justement, qu’est ce qui fait la particularité de ce conseil, dans la mesure où il a été signalé que vous n’enregistrez pas de troubles comme cela est observable ailleurs ?

Mamadou SERE :Il est d’abord important que chaque conseiller sache et comprenne que le conseil n’est pas un ring, un espace de bagarres dont les origines sont souvent étrangères même à la gestion de la commune.

Vous remarquerez que dans certains cas, les violences verbales, physiques, morales constatées dans les espaces communaux sont la suite de rivalités, de litiges, de conflits sociaux ou familiaux, d’inimitié ou d’animosité entre des individus ou des groupes de personnes. Ce sont donc des guerres de personnes. Or, à notre sens, après les élections, ce sont les débats d’idées autour de la formulation et de l’exécution des projets communaux, de la mobilisation des acteurs et des ressources qui devraient prédominer.

J’ai personnellement placé ma gestion sous l’angle de la concertation, de la transparence et de la redevabilité. Les choix et les réalisations des micro-projets de la commune sont donc bien discutés, expliqués et validés avec le conseil municipal si bien qu’il est difficile qu’un conseiller ou un groupe de conseillers crie au scandale. Je félicite et remercie l’ensemble des conseillers pour cette hauteur de vue.

J’ose espérer que nous allons continuer à fonctionner ainsi, si tous les acteurs sont de bonne foi, car n’oublions que certains peuvent dévier sous contrainte ou suivant des desseins inavouables.

Peut avoir une idée de votre programme d’activités ?

Mamadou SERE : Notre programme de travail sur les cinq (5) ans de notre mandat est fortement inspiré de notre Plan communal de développement (PCD) réalisé avec le concours du PRGLA (Programme de renforcement de la gouvernance locale et administrative, ndlr) que je remercie au passage.

Six (6) axes majeurs retiennent notre attention :

  le domaine de l’eau et de l’assainissement ;
  le domaine de l’éducation ;
  le domaine de la santé ;
  le domaine des infrastructures économiques et des équipements marchands ;
  le développement institutionnel de l’administration communale ;

il y a bien sûr d’autres activités aussi importantes comme l’autonomisation des femmes et le financement de leurs activités, la formation professionnelle et l’emploi des jeunes

Venons-en à l’activité qui nous réunit aujourd’hui à Safané. A quel objectif répond –t-elle ?

Mamadou SERE : Le conseil municipal a décidé d’organiser une journée pour rentre compte de sa gestion. Il faut dire que le respect du principe de redevabilité a été porté à la connaissance des conseillers afin que les uns et les autres comprennent que nous ne sommes que des élus, des mandataires de nos populations ; et il est tout à fait indiqué, pour ne pas dire qu’il s’agit d’une obligation de rendre compte.
Le principe de redevabilité découle tout naturellement de la démocratie : gérer le pouvoir qui vous a été confié et rendre compte au véritable détenteur de ce pouvoir, à savoir le peuple.

En ce qui concerne la période de 2016 à 2017, pouvez-vous nous parler succinctement du bilan de votre gestion ?

Mamadou SERE : Merci de me donner l’occasion de donner un aperçu de notre bilan sur la période 2016-2017.

Pour résumer, il faut considérer six (6) axes :
premièrement, dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, la commune a enregistré au total des réalisations de vingt (20) forages d’eau, une adduction d’eau potable simplifiée (AEPS) et la réhabilitation de deux (2) forages.

Pour mesurer les progrès en la matière, il faut comparer ces résultats à 2014 et 2015 où il n’y a eu que deux (2) forages au total, je dis bien deux forages réalisés en 2014-2015, contre 20 en 2016-2017 sans oublier l’AEPS à Datomo qui fonctionne avec des bornes fontaines.

Par ailleurs, il y a eu la réalisation de trois cent trente (330) latrines scolaires et familiales en 2016-2017.

Toutes ces réalisations sont vérifiables.

Deuxièmement, dans le domaine de l’éducation, vous avez dans le domaine de l’enseignement primaire, la construction de quinze (15) salles soit des blocs de trois (3) salles de classes dans cinq villages ( Biforo, Makongo, Tiékuy, Banou et Bara). Par contre, sur la période 2014-2015, il y a eu la construction de cinq (5) salles de classes.

Dans le domaine de l’enseignement post primaire, la commune a vu la réalisation de cinq (5) Collèges (CEG) dont deux financés par un partenaire, à savoir la SEMAFO qui est implantée en partie sur le territoire communal. Le sixième collège est en voie de finition. Cela est notre plus grande satisfaction car avant 2016, il n’y avait que deux CEG et un lycée construits dans la commune. Avec ces six (6) CEG en deux ans, il n’y a plus de CEG ouvert et non construit dans la commune. Nous allons vers l’ouverture de nouveaux CEG et la transformation du CEG de Nounou et celui de Datomo en lycée. Nous avons déjà obtenu les autorisations du Ministre de l’éducation suite à des demandes formulées au pas de course en 2017.

Il faut signaler que nous avons pu acquérir plus de 400 tables bancs et autres mobiliers que nous avons distribués aux écoles et aux collèges.

Dans le domaine de la santé, notre plus grande réalisation est la construction du laboratoire d’analyses médicales au Centre médical de Safané avec le soutien de l’ONG espagnole MEDICUS MUNDI. Les CSPS (Centre de santé et de promotion sociale, ndlr) de Siralo et de Kienséré ont été réhabilités, de même que le CSPS de Nounou partiellement. Par ailleurs, avec le concours du gouvernement, le Centre Médical de Safané a été totalement réfectionné. Ce centre a aujourd’hui un visage de neuf.

Dans le domaine des infrastructures économiques, nous avons pu construire en moins de deux ans trente (30) boutiques au marché de Safané, dont cinq (5) avec le soutien avec le soutien du comité de jumelage de la ville de Montmorillon en France. A signaler que nous arrivés trouver 74 boutiques construites en 10 ans. Je salue au passage les commerçants car avec la concertation, non seulement tous les arriérés de loyers de boutiques ont été payés, mais aussi, ils ont accepté l’augmentation des loyers car il nous faut améliorer nos ressources propres.

Par ailleurs, cinq (5) magasins de stockage de céréales, de semences et autres biens et fournitures (350 tonnes au total) ont été construits, ainsi que des parcs de vaccination, des équipements de bergerie, une pépinière communale.
Dans le domaine du renforcement institutionnel, un bâtiment de l’Etat civil a été construit et les locaux de la mairie totalement rénovés, avec l’acquisition de mobilier de bureau.

S’agissant des services aux populations, il faut noter qu’instruction a été donnée pour que sauf exception, un citoyen ne doit pas venir à la mairie et repartir pour revenir un autre jour pour l’établissement d’un acte de naissance si l’intéressé s’est présenté avec le nécessaire. Et je crois que cela est respecté, car le service de l’Etat civil étant la vitrine de la mairie, il faut travailler à rendre des services rapides au public.

En outre, pour ce qui concerne la gestion du domaine communal, nous avons bénéficié de l’accompagnement du PACOF (Projet d’appui aux communes de l’Ouest du Burkina Faso en matière de gestion du foncier rural et des ressources naturelles) pour la mise en œuvre de la politique du foncier rural, à travers la mise en place des structures de gestion, la prise des actes y afférents et le processus se poursuit.

Il faut faire aussi une mention spéciale pour l’opération spéciale de délivrance massive d’actes de naissance que nous avons réalisée de mai à septembre avec l’accompagnement du Préfet du Département, j’ai nommé Monsieur GOUBA Kassoum qu’il faut remercier, de même que le Haut-Commissaire de la province et son Secrétaire général qui ont effectué une mission de supervision de l’opération sur le terrain.
Ce sont là les réalisations les plus significatives.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’accomplissement de votre mission ?

Mamadou SERE :La commune étant très grande- je rappelle que c’est 40 villages et 81 conseillers-, la gestion n’est donc pas facile et les besoins sont énormes. Nous avons besoin de beaucoup de ressources pour aller plus vite dans la réalisation de projets au profit de nos populations. Nos besoins principaux portent sur le désenclavement (pistes communales), les aménagements hydroagricoles, les projets d’élevage, la gestion des ressources naturelles, le financement des activités des femmes et des jeunes.

Nous avons quelques difficultés de mobilisation de nos ressources propres ; et pour remédier à cela nous venons de créer une régie de recettes avec l’autorisation de notre ministre de tutelle et du ministre chargés des finances.

Un mot sur les perspectives ?

Mamadou SERE : Nous allons continuer à travailler sur les domaines de l’eau, de la santé, de l’éducation, des infrastructures économiques, la réalisation de micro-projets pour les groupements et associations. Un service social est créé avec le soutien de SAVE THE CHILDREN, ce qui facilitera la prise en charge des personnes vulnérables à partir de 2018.

Déjà dans le budget 2018, il y a des projets importants en cours et de bonnes perspectives se profilent à l’horizon pour 2019 et 2020. Rendez-vous est pris pour une autre évaluation s’il plait à Dieu.

Nous sollicitons particulièrement des plus hautes autorités la réalisation de deux projets majeurs : le renforcement et l’extension de l’AEPS de Safané, le bitumage de la Route régionale n°29 reliant Boromo- Siby- Oury- Safané- Lanfièra (croisement route Koudougou–Dédougou) et cela, sans commentaires particuliers.

Quel est votre mot de fin ?

Mamadou SERE : Les résultats atteints sont la conjugaison de plusieurs acteurs : le conseil municipal, l’administration communale, les services techniques départementaux et provinciaux, les autorités administratives régionales et nationales, les partenaires que sont le PACOF, le PNGT, le FPDCT, SEMAFO, SOROUBAT, SAVE THE CHILDREN, TERRE DES HOMMES, MEDICUS MUNDI, la ville de MONTMORILLON, ASMADE, la Radio SALAKI à Dédougou et les autres organes de presse qui sont à nos côtés, les fils et filles de la commune de Safané et toutes les bonnes volontés que je ne peux citer ici.

Le chemin du développement est long, difficile, mais passionnant. Je dis merci et encore à chacun et à tous.

Interview réalisée par : David Demaison NEBIE
Lefaso.net

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