Boucle du Mouhoun : les élèves de Dédougou ont observé un arrêt de cours de 48 heures pour soutenir leurs camarades

Publié le mercredi 7 janvier 2015 à 19h02min

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Boucle du Mouhoun : les élèves de Dédougou ont observé un arrêt de cours de 48 heures pour soutenir leurs camarades

Les lycées et collèges de Dédougou ont observé ce mardi 6 janvier 2015, une grève de 24 h qui a finalement été prolongée à 48 h. Il s’agit pour les élèves de soutenir une dizaine de leurs camarades non-inscrits du lycée municipal qui ont pourtant donné de l’argent en guise de frais de scolarité à des membres du personnel dudit lycée. C’est ce sont les noms d’Abou, surveillant et Dayo Penza, agent de liaison qui reviennent beaucoup dans nos investigations.

La recherche de place dans les établissements publics depuis quelques années est relève d’un parcours du combattant. D’où très souvent l’affairisme entre parents d’élèves et personnels des lycées publics pendant les périodes de recrutement. Ce mardi 6 janvier 2015, la quasi-totalité des lycées et collèges de Dédougou paient les frais de cet affairisme. En effet, les élèves des lycées et collèges de Dédougou ont déserté les classes pour 24h de grève qui s’est finalement prolongée en 48h. Ils protestent selon le délégué du Lycée provincial pour soutenir l’inscription de Zouon Soumana et une dizaine de leurs camarades non-inscrits du lycée municipal qui ont pourtant donné de l’argent en guise de frais de scolarité à des membres du personnel dudit lycée. Ils protestent aussi selon eux pour lutter contre la corruption dans l’administration du Lycée. Pour cette deuxième grève après celle du 19 décembre passé, les élèves semblent avoir le soutien de certains de leurs enseignants. Ces derniers cherchent à soigner leur image. Car des rumeurs circulent en ville que ce sont des enseignants qui ont pris de l’argent avec des élèves sans pouvoir trouver de la place pour eux. Donc une occasion pour eux aussi de voir les responsabilités des uns et des autres situées afin de couper court aux rumeurs.

De nos investigations, il ressort que si chaque élève non-inscrit sait plus précisément à qui il a donné de l’argent pour la recherche de sa place au municipal, deux noms reviennent fréquemment. Il s’agit de Penza Dayo, agent de liaison et par ailleurs un agent détaché de la mairie pour le compte du lycée et Abou, le surveillant. Ce dernier est connu pour ces genres d’affaires. Le plus grand nombre des élèves arnaqués seront passés par lui. Zouon Soumana, l’une des victimes qui a accepté témoigné a confié avoir remis de l’argent à l’agent de liaison Penza Dayo pour son inscription en classe de 1ereD. Le proviseur du lycée municipal, Ousmane Faho, s’est réservé de citer les noms des gens responsables de la situation. Il nous confirme tout simplement en ces termes, « vous-même vous les connaissez déjà… ». C’est un proviseur confiant qui nous a reçus en entretien dans son bureau. Pour lui, sur la dizaine de cas, c’est le cas de l’élève Zouon Soumana qui l’étonne le plus. En effet, il serait le seul non-inscrit sur la liste officielle à avoir réussi à payer frauduleusement ses frais d’inscriptions à l’Intendance. Or, indique le proviseur, à défaut d’avoir son nom sur la liste officielle, seule une note cachetée et signée de sa part devrait lui permettre de s’inscrire. Foi du proviseur tel n’a pas été le cas pour l’élève Zouon Soumana. Le Proviseur confie qu’en recevant des parents parfois très excités qui viennent lui signifier qu’ils ont donné de l’argent pour l’inscription de leurs enfants et qu’ils sont déclarés non inscrit, je lui tend la liste officielle de vérifier si le nom de son fils y figure ». Au cas où, poursuit le proviseur, le nom de son enfant ne s’y trouve pas, je renvoie le parent d’aller voir celui à qui il a remis son argent pour la place de son élève.

Pourquoi attendre la fin d’un trimestre pour dire à des élèves qu’ils ne sont pas de l’Etablissement ? De l’avis du proviseur du Lycée provincial, Oussoumane Faho, les élèves en situation irrégulière et leurs protégés ont voulu jouer sur le temps pour avoir l’indulgence des autorités du Lycée. Pour lui, à chaque contrôle depuis le début de l’année, les concernés ont toujours été mis à la porte leur signifiant qu’ils ne sont pas inscrits et qu’il n’y a plus de place. « Car, souligne-t-il, l’effectif fixé par classe par les 12 membres de la commission de recrutement est déjà atteint dans chacune des classes du Lycée ». Par conséquent, jusqu’à preuve du contraire, estime le Proviseur, Zouon Soumana, l’élève et ses autres camarades ne peuvent pas avoir la place au lycée Municipal. Et de se justifier qu’il n’est pas donné à lui d’aller en contre-courant des décisions de la commission de recrutement. Monsieur Faho explique également que la fixation du nombre d’élèves par classe par la commission de recrutement répond à la logique de réduction des effectifs par classe que sa Direction a amorcée depuis 5 ans. Il s’agit de revenir, selon lui, aux effectifs normaux par classe reconnus au plan national. Pour lui, sa politique de réduction des effectifs est aujourd’hui confrontée aux vieilles habitudes du Lycée provincial. Des habitudes qui avaient contribué, de son avis, à doubler les effectifs normaux à son arrivée.
En tant que premier responsable de l’Etablissement, le proviseur Ousmane Faho dit assumer ce qui arrive. Il se dit être prêt à subir toute sanction de la part de sa hiérarchie. Mais demande en retour la possibilité de situer les responsabilités et punir ceux qui ont conduit à cette situation. Qu’à cela ne tienne, aujourd’hui l’agent de liaison Dayo Penza et le surveillant Abou, semble fuir les victimes. Car les victimes tentent vainement de les rencontrer. A la maison comme au lieu de service, ils sont difficiles à joindre, nous a confié l’une des victimes.

Ibrahima TRAORE
Lefaso.ne

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