Boucle du Mouhoun : 6 328 nouvelles personnes déplacées déjà enregistrées en 2023

Publié le jeudi 12 janvier 2023 à 13h59min

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Boucle du Mouhoun : 6 328 nouvelles personnes déplacées déjà enregistrées en 2023

Des localités continuent de se vider les unes après les autres dans la Boucle du Mouhoun, aiguisant la crise humanitaire dans la région. Après les populations du chef-lieu de la commune rurale de Gassan, le 3 janvier 2023, c’est le tour de celles des localités comme Balenso, Tiri, Zoumbara, Soro et Kassoum de prendre le relais dans la fuite. Déjà, les services régionaux en charge de l’action humanitaire enregistrent plus de 6 000 déplacés internes dans la première dizaine du mois de janvier 2023.

C’est un début d’année difficile pour la région de la Boucle du Mouhoun. Les groupes armés terroristes qui écument la région semblent entrer dans un activisme débordant avec son corolaire de déplacements des populations. Depuis le 3 janvier 2023 qui a vu acter l’exil interne des populations de la commune rurale de Gassan vers d’autres localités du pays, la saignée continue.

Les provinces du Sourou et du Nayala sont ainsi soumises à des exodes forcés. Le nombre de personnes ayant fui leurs localités d’origine depuis le début de l’année 2023 est estimé à 6 328, à la date du 9 janvier 2023, selon le directeur régional en charge de l’action humanitaire de la Boucle du Mouhoun, Wenceslas Zoumbara. A l’en croire, ces données ne sont pas exhaustives car, dit-il « nos services continuent de mener des opérations d’enregistrements ».

Après le chef-lieu de la commune rurale de Gassan, ce sont des localités comme Balenso, Tiri, Zoumbara et Soro qui ont reçu ordre des bandes armées de partir. « Les terroristes sont venus nous dire que nous devons partir parce que notre village se trouve à un endroit où il risque de se passer des affrontements entre eux et les militaires. Et pour limiter les morts en cas d’éventuels incidents, ils ont dit que nous avons soixante-douze heures pour quitter le village », a relaté Elie Guiré, ressortissant de la bourgade de Balenso. La soixantaine bien remplie, il a précisé que l’ultimatum prenait fin le 10 janvier 2023. Mais, pour éviter d’avoir maille à partir avec leurs donneurs d’ordre, les populations de Balenso sont parties plutôt.

La terreur terroriste accroît le nombre de localités fantômes dans la région

Dans la journée du 11 janvier 2023, des PDI n’avaient pas encore trouvé d’abris pour sécuriser vivres et matériels

A la liste de ces localités désormais fantômes, s’ajoutent des villages environnants de la commune de Tougan, le village de Bassano dans la commune rurale de Kassoum, province du Sourou. Les communes rurales de Toéni et de Lanfièra, toujours dans le Sourou sont également affectées par les récents mouvements de populations fuyant la terreur terroriste.

Ces populations se sont dispersées entre les villes de Toma, Tougan, Bobo-Dioulasso, Dédougou et certains villages toujours en place, a confié le vieux Guiré. Le constat est qu’à Dédougou, certaines de ces populations déplacées peinent à trouver un abri. C’est à la belle étoile que femmes, hommes, enfants et bagages ont passé quelques nuits et jours après leur arrivée dans la cité du Bankuy avant de pouvoir trouver un gîte.

Selon les dires de Monsieur Guiré que nous avons rencontré le 9 janvier 2023, le besoin pressant des personnes déplacées était sans équivoque le logement. « Nous avons pu fuir avec quelques biens, mais nous n’avons pas de lieu pour les garder. Nous demandons aux autorités de nous venir en aide urgemment pour que nous puissions trouver un endroit pour mettre en sécurité notre matériel », a-t-il plaidé.

Contacté pour connaître les dispositions prises pour trouver un lieu d’hébergement pour ces déplacés, le Conseil provincial de secours d’urgence et de réhabilitation (COPROSUR) du Mouhoun nous a référé au Conseil régional de secours d’urgence et de réhabilitation (CORESUR) de la Boucle du Mouhoun. Celui-ci a promis de nous revenir. Mais jusqu’au moment où nous tracions ces lignes, aucune réaction.

Yacouba SAMA

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