Le concert musical organisé de 17 heures à 22 heures dans la soirée du dimanche 9 avril 2023 à la place Melon-gare de Dédougou veut prendre part à la souffrance et aux inquiétudes des personnes déplacées internes de la ville de Dédougou, a fait comprendre l’organisateur, l’abbé Bernard Sama. Il dit avoir touché du doigt la réalité que vivent ces hommes, ces femmes et ces enfants. « J’ai estimé que ce serait beau de s’approcher et de se rendre solidaire de ces gens, surtout à un moment où ils sont fragilisés dans leur être », a-t-il déclaré.

Et c’est par la voie de l’art que le prêtre à la paroisse cathédrale de Dédougou a choisi d’exprimer sa magnanimité vis-à-vis des PDI de la cité du Bankuy. Selon lui, l’être humain est complexe et présente de ce fait, divers besoins à savoir le manger, le boire, l’abri, mais aussi le ludique. L’abbé Bernard Sama de relever que « c’est ce dernier aspect des besoins des déplacés internes, c’est-à-dire l’amusement et la récréation, que j’ai voulu développer à travers cette soirée musicale ».

L’être humain, ajoute-t-il, a besoin de ce temps de détente et de récréation pour se ressaisir, se savoir et se reconnaître comme être humain parmi les êtres humains.
La soirée a été riche en exhortations aux PDI, à travers des chansons, à ne pas perdre l’espoir quelles que soient les circonstances de la vie, à faire preuve de courage et surtout à garder la foi en Dieu.

Pour l’abbé Sama, la situation des déplacés pourrait être lue comme une volonté divine. « Dieu a des manières sinueuses de conduire l’homme comme une des belles chansons disant que Dieu écrit droit avec des lignes courbes et il nous mène où il veut par des chemins parfois sinueux. Ce Dieu ne se trompe jamais et il ne peut jamais nous tromper », se convainc l’homme aux multiples casquettes. Il a, par ailleurs, introduit la graine de l’espoir et de l’espérance dans l’esprit des PDI en indiquant que ce même Dieu qui est leur père ne les laissera pas si longtemps orphelins. « Bientôt, il vous ramènera chez vous dans de bonnes conditions », a lancé le prêtre.

Déstresser par l’art, la musique

Ainsi, Monsieur Sama avoue être dans la dynamique de contribuer au soulagement des déplacés « frappés dans leur être voire dans leur existence ». « En tant qu’artiste, musicien et acteur culturel, c’est ma petite contribution parmi tant de grandes contributions pour dire à ces gens, vous n’êtes pas seuls, vous n’êtes pas délaissés. Nous sommes vos frères et sœurs et nous sommes là, main dans la main pour vivre heureux et épanouis », a soutenu celui qui dit avoir à sa charge plus d’une quarantaine de PDI.

A en croire l’organisateur de la soirée récréative, il s’est agi, d’abord, d’influer sur la psychologie des personnes déplacées de la ville de Dédougou. Ces dernières, explique-t-il, y sont arrivées pratiquement traumatisées. C’est la raison pour laquelle, l’abbé Bernard Sama entend user de l’art pour communiquer avec ces populations et les appeler à se départir du stress, à revenir à elles-mêmes, à être elles-mêmes comme si elles étaient au village « avec cette manière plastique et élastique de vivre à l’aise ».

Ensuite, la soirée se veut de créer un cadre de rencontre et de retrouvailles des PDI entre elles, d’une part et, entre les PDI et les populations hôtes, d’autre part. « L’art, la musique sont des chemins pour leur permettre de retrouver cette joie ou de vivre dans la joie malgré les circonstances sombres et parfois assombries qui entourent cette frange de la population », a justifié celui qui estime que les objectifs visés sont « largement » atteints. Il est rejoint dans ses estimations par Adama Koné, lui aussi artiste musicien déplacé, en provenance de Douroula.

Homme de Dieu, homme de culture

Cet artiste en herbe a salué l’activité récréative en destination des déplacés. En plus de faire germer de nouvelles idées chez les PDI, la soirée musicale a donné du réconfort aux déplacés, tout en leur apprenant qu’ils ne sont pas seuls dans la traversée du désert, a confié l’artiste Koné.

A noter que l’abbé Bernard Sama est un prêtre du diocèse de Dédougou résidant à la paroisse cathédrale de la même localité. A ce titre, il joue le rôle d’éducateur des jeunes et des enfants au sein du diocèse où il est précisément aumônier de la jeunesse et de l’enfance. Toujours sur le plan religieux, il est professeur de religion au lycée privé catholique Saint Gabriel de Dédougou. L’homme y enseigne aussi l’allemand. L’abbé Sama ne se borne pas à la religion. Il est également féru de culture. Huit albums sont déjà à l’actif de ce passionné de musique, âgé de 50 ans. Depuis 2022, ce quinquagénaire est promoteur du festival « Ba Kandi » dont la deuxième édition devait se tenir cette année 2023, mais repoussée sine die à cause de l’insécurité.

Yacouba SAMA