Boucle du Mouhoun : Des entrepreneurs agricoles poursuivis en justice pour abus de confiance

Publié le mardi 19 mars 2024 à 12h14min

PARTAGER :                          
Boucle du Mouhoun : Des entrepreneurs agricoles poursuivis en justice pour abus de confiance

Le torchon brûle entre l’actuel bureau de l’Union régionale des entrepreneurs agricoles de la Boucle du Mouhoun (URCEA-BMH) et trois membres de l’ancienne équipe dirigeante dont l’ex-président, Kanni Bicaba. Ceux qui sont aux commandes de l’union aujourd’hui accusent le trio d’abus de confiance, de détournement de fonds et de gestion opaque au cours de son mandat entre 2013 et 2021. Les plaignants ont rencontré la presse le vendredi 15 mars 2024 à Dédougou afin de porter à la connaissance de l’opinion la décision de poursuivre en justice ceux à qui ils reprochent d’avoir « négocié et exécuté sur le dos des entrepreneurs agricoles des marchés de près de six milliards de francs CFA ».

L’ex-président de l’Union régionale des entrepreneurs agricoles de la Boucle du Mouhoun (URCEA-BMH), Kanni Bicaba, son secrétaire général, Ivon Kiénou, ainsi que son trésorier général, Alipé Traoré, vont devoir s’expliquer devant un tribunal, sur leur gestion des marchés acquis par la structure entre 2013 et 2021. C’est du moins ce qu’affirme l’actuelle équipe dirigeante qui confie d’ailleurs avoir l’aval de l’assemblée générale pour agir. « L’assemblée générale a décidé de la poursuite des fautifs », a précisé le président de l’union en fonction, Elysée Sama.

Elysée Sama, président de l’URCEA-BMH

Principal animateur du point de presse, il a accusé les trois membres de l’ancien bureau d’avoir entretenu une « gestion opaque qui consiste à s’enrichir illicitement sur le dos des petits producteurs ». Celui-ci a, en effet, expliqué qu’entre 2013 et 2021, l’URCEA-BMH a obtenu des marchés auprès de la SONAGESS, des cantines scolaires et des mairies. Selon lui, lesdits marchés ont fait l’objet d’emprunts et de facilités bancaires auprès de plusieurs banques de la place. Mais les conférenciers ont regretté que toutes ces démarches auprès des institutions financières aient été faites « sans autorisation préalable ni du conseil d’administration ni de l’assemblée générale ». Le bureau est formel sur le détournement des fonds récoltés grâce à l’acquisition de ces marchés. « L’union régionale n’a pas bénéficié d’un centime de ces marchés », a martelé Elysée Sama.

Il souligne par ailleurs que les livres de la coopérative demeurent entachés de dettes. En exemple, M. Sama a révélé que sur le compte Coris Bank de l’URCEA-BMH, les dettes s’élèvent à plus de 125 millions de FCFA. Curieusement et sans que personne ne sache quoi que ce soit, à l’en croire, une partie de la dette, à l’exception des pénalités, a été « transférée du compte de l’organisation vers le compte personnel de Kanni Bicaba ». Les conférenciers ajoutent avoir fait un « constat amer » selon lequel la coopérative a fait l’objet de redressement fiscal alors que les marchés ont été exécutés par des sociétés parallèles « afin de contourner la fiscalité ».

Le bureau dit vouloir rétablir l’union dans ses droits

Au vu de « cette gestion opaque », Elysée Sama et ses camarades ont informé qu’une assemblée générale avait été convoquée le 18 décembre 2021. Selon les dires du président Sama, « les bilans et rapports présentés par Kanni Bicaba et son équipe ont été rejetés » et séance tenante, l’assemblée a décidé du renouvellement du bureau. La même assemblée, poursuit-il, ayant constaté « la gravité des faits d’abus de confiance, de mauvaise gouvernance, de détournement et de l’échec de la tentative, par la suite, de résoudre le problème à l’interne, a décidé de la poursuite des fautifs ». Un dossier a alors été constitué et une plainte déposée le vendredi 23 février 2024 auprès de la justice contre les trois ex-membres.

Rencontré dans l’après-midi du lundi 18 mars 2024 pour comprendre ce qu’il en retourne des accusations et de la plainte contre lui et ses ex-collaborateurs, l’ancien président de l’URCEA-BMH Kanni Bicaba a exprimé sa volonté de ne pas parler. « Moi, je n’ai rien à vous dire », nous a-t-il rétorqué laconiquement.

Yacouba SAMA
Lefaso.net

PARTAGER :                          
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique