24 heures de protestation à Pouni

Publié le samedi 16 avril 2016 à 22h47min

PARTAGER :                          
24 heures de protestation à Pouni

Les Associations des Parents d’Elèves (APE) constituent l’un des partenaires privilégiés et incontournables dans les établissements d’enseignement primaires et secondaires au Burkina Faso. La confusion de leur responsabilité constitue souvent une entrave au bon fonctionnement de ces structures scolaires. C’est contre ces agissements que le SYNATEB (Syndicat National des Travailleurs de l’Education de Base) de la sous-section de Pouni va en grève de 48 heures pour protester contre le départ d’une enseignante exigé par l’APE.

L’école primaire publique de Tita D dans la Circonscription d’Education de Base de Pouni a tenu une assemblée générale le jeudi 7 avril 2016, une rencontre qui s’est terminée en queue de poisson. Les parents d’élèves à cette rencontre ont réitéré leur doléance du départ d’une enseignante de cette école pour rendement non satisfaisant. Au préalable, cette demande de départ avait été adressée au Préfet du département et mention en avait été faite à Monsieur l’Inspecteur de la circonscription.

Des concertations avaient été entreprises en son temps entre tous les partenaires de l’éducation de la localité en vue d’instaurer un climat favorable au travail dans cette école. Malgré tout, les membres de l’APE tiennent au départ de l’enseignante. C’est pour protester contre de tels agissements de l’APE que le SYNATEB de la sous section de Pouni va en grève de 48 heures allant lundi 11 au mardi 12 avril 2016. Le premier responsable du SYNATEB, Monsieur KY Ismaël, dit avoir entrepris des démarches avec sa structure auprès de l’école afin que chaque acteur joue sa partition selon ses prérogatives. Selon lui, ces 48 heures de grève ont pour but d’attirer l’attention de tous pour que plus jamais aucun enseignant dans l’exercice de ses fonctions ne soit menacé par un partenaire quelconque.

Au-delà de ces faits et agissements qui n’honorent pas le corps enseignant, les responsabilités sont partagées. Si certains enseignants exercent leur métier par amour ou par vocation, d’autres le font parce qu’ils n’ont pas trouvé mieux. Aussi, disons le, il y a des enseignants qui se disent intouchables parce qu’ils ont des "bras longs". Ces derniers se croient tout capables, permis et souvent avec une insubordination caractérisée à l’égard de leur supérieur hiérarchique qui ne peuvent que se taire au risque de perdre leur fauteuil de nomination. Le métier d’enseignant est un véritable sacerdoce et une moindre négligence de cette responsabilité hypothèque l’avenir de toute une jeunesse. Enseigner c’est forger l’âme, c’est préparer l’avenir de quelqu’un en lui donnant les aptitudes qui lui permettront d’être un homme de demain. Disons le sans détours que l’avenir d’un pays est entre les mains des éducateurs. Et c’est ce qui a amené Gustave Le Bon à tenir ces propos : « Le choix d’un système d’éducation a plus d’importance pour un peuple que celui de son gouvernement. »

S’il est vrai que l’APE est un partenaire de premier ordre dans une école, il va falloir qu’elle s’approprie de ses prérogatives pour éviter un conflit de compétence. Dans le système éducatif, les tâches sont si bien définies qu’il ne doit pas y avoir d’amalgame. Le Directeur d’école, premier responsable hiérarchique rend compte à ses supérieurs et ils sont tous chargés du suivi-encadrement des enseignants. Si les parents d’élèves se font le droit de demander le départ d’un enseignant pour un non rendement dans le travail, quel outil d’évaluation du rendement d’un enseignant ces derniers disposent-ils ?

Quand on sait que certains enseignants vivent dans des conditions difficiles de travail, ils ne demandent qu’à être encouragés. Quel sacrifice un enseignant peut-il faire quand il est hué et humilié par les parents d’élèves. Nul n’ignore le rôle primordial des associations des Parents d’Elèves dans le fonctionnement des écoles, mais qu’elles sachent que leur rôle est d’accompagner les enseignants en créant des conditions de travail acceptables. Les Instituteurs Principaux, les Conseillers Pédagogiques et les Inspecteurs sont habilités à donner des directives et des recommandations aux enseignants pour l’atteinte des objectifs que chacun s’est fixés. C’est dans un tel respect des rôles et tâches dévolus à chacun des acteurs de l’éducation que l’on peut instaurer un climat propice dans les écoles où chaque acteur se sentirait à l’aise dans l’exercice de la mission qui lui est confiée, celle d’instruire, de former et d’éduquer.

Karim KABORE
Intendant au Lycée Départemental de Poura-Mine
abdoulkaka@yahoo.fr

PARTAGER :                          
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique