Lutte contre le travail des enfants : 50 enseignants formés à Dédougou

Publié le dimanche 8 janvier 2023 à 14h15min

PARTAGER :                          
Lutte contre le travail des enfants : 50 enseignants formés à Dédougou

La Direction régionale en charge du travail de la Boucle du Mouhoun a organisé, le samedi 7 janvier 2023 à Dédougou, un atelier de formation sur le travail des enfants au profit d’une cinquantaine d’enseignants. L’activité vise à outiller ces acteurs de l’éducation en la matière, afin qu’ils servent de vecteurs de sensibilisation dans la lutte contre le phénomène.

« Pour moi, l’enfant doit travailler dans le champ parce qu’il travaille pour lui-même. Quand il travaille, c’est lui-même qui va consommer. Je ne trouvais pas ça comme forcer un enfant à travailler. Mais, avec ce que je viens d’apprendre, je trouve que ce n’est pas normal. Par exemple, à 13 ans, l’enfant ne doit pas transporter de lourdes charges. Il ne doit pas être retenu pendant longtemps. A partir d’aujourd’hui, je vais essayer d’améliorer et arranger ce qui peut l’être, même si ce ne sera pas à cent pour cent ».

Safiétou Samaké s’est enrichie d’une autre perception du travail des enfants, grâce à cet atelier de formation.

Cela est le témoignage de Safiétou Samaké, au sortir de la formation sur les pires formes de travail des enfants, ce 7 janvier 2023. Pour cette enseignante, la formation lui a permis de s’enrichir et de comprendre la nécessité de protéger les enfants contre tout ce qui peut nuire à leur épanouissement. Nantie d’une nouvelle perception de la question de l’enfance et du travail, madame Samaké veut contribuer désormais à la sensibilisation des élèves et de leurs parents, afin de faire reculer les frontières de l’ignorance, très souvent cause du travail des enfants, selon elle.

Pauvreté, analphabétisme et travail des enfants font bon ménage

Le directeur régional en charge de l’éducation primaire de la Boucle du Mouhoun, Ambroise Paré, a présidé la cérémonie d’ouverture de l’atelier de formation.

Cette session de formation, qui cible des acteurs de l’éducation, est opportune à plus d’un titre, a laissé entendre le directeur régional de l’éducation préscolaire, primaire et non-formelle de la Boucle du Mouhoun, Ambroise Paré. « Les enseignants sensibilisent les parents pour qu’ils mettent les enfants à l’école et les y maintiennent pour avoir un meilleur niveau d’instruction, signe de meilleure compétence », a fait comprendre Ambroise Paré, avant d’ajouter que les enfants scolarisés bénéficient d’activités plus rentables dans la vie active comparativement à leurs camarades analphabètes.

« On suppose qu’un enfant qui a fait l’école jusqu’au niveau supérieur, quand il va avoir un travail, ce sera plus rémunéré qu’un autre enfant qui, précocement, est allé vers le travail et gagne dérisoirement sa vie. Du coup, ce dernier ne pourra pas s’occuper de sa famille et ce n’est qu’une pauvreté qui se perpétue », soutient-il. Généralement, les enfants travailleurs se recrutent dans les milieux pauvres et analphabètes, insiste le directeur régional en charge de l’enseignement primaire. Il a invité les enseignants à redoubler d’efforts dans la sensibilisation et l’approche des différents acteurs qui gravitent autour d’eux, en vue de donner plus de chance à la scolarisation des enfants, surtout dans un contexte sécuritaire caractérisé par la fermeture d’écoles.

Faire des acteurs de l’éducation, des vecteurs de sensibilisation

Moussa Traoré, directeur régional du travail et de la protection sociale de la Boucle du Mouhoun.

L’atelier de formation a été un cadre d’apprentissage en matière de travail des enfants, pour ces acteurs de l’éducation, foi de Moussa Traoré, directeur régional du travail et de la protection sociale de la Boucle du Mouhoun. L’inspection du travail veut passer par le monde de l’éducation pour atteindre un large public. « Ce qui est recherché, au sortir de cette séance de formation, c’est que les enseignants soient nos relais dans leurs localités d’exercice. Qu’ils puissent sensibiliser les parents qui sont réticents à envoyer les enfants à l’école ; ou bien, s’il y a des situations de travail des enfants qui sont constatées dans leurs localités, qu’ils sensibilisent les auteurs afin que l’enfant puisse aller à l’école », a expliqué le directeur régional. Selon M. Traoré, cette activité de renforcement de capacités se situe dans la dynamique de la prévention contre le travail des enfants, les pires formes de travail des enfants ou encore le travail forcé.

Enseignantes et enseignants ont participé à la formation.

La formation au profit de la cinquantaine d’acteurs de l’éducation a bénéficié de l’appui financier du Bureau international du travail (BIT), à travers le projet Clear Cotton. Cofinancé par l’Union européenne et mis en œuvre en collaboration avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation internationale du travail (OIT), ce projet veut contribuer à l’élimination du travail des enfants et du travail forcé sous toutes ses formes, particulièrement les pires formes dans la chaîne de valeur du coton, du textile et de l’habillement dans des pays producteurs comme le Pérou, le Mali, le Pakistan et le Burkina Faso.

Yacouba SAMA

PARTAGER :                          
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique