
« L’utilisation des enfants dans les exploitations cotonnières dévalorise notre coton », foi de Grégoire Bazié, chef de zone de la province du Mouhoun à la SOFITEX-Dédougou (Société burkinabé des fibres textiles). Il explique que près de 95% du coton produit au Burkina Faso est exporté. Mais, « quand les Occidentaux se rendent compte que des enfants sont dans les champs, le coton perd sa valeur. Ils l’achètent à vil prix », informe Monsieur Bazié. D’où l’engagement de la SOFITEX, en collaboration avec les Unions provinciales et départementales des producteurs de coton, à bannir l’emploi des enfants dans la chaîne de production de l’or blanc à travers la sensibilisation des cotonculteurs.
- Grégoire Bazié, chef de zone de la province du Mouhoun à la SOFITEX-Dédougou
Selon ce chef de zone, la SOFITEX et la direction régionale en charge du travail de la Boucle du Mouhoun mènent le même combat sur la question de la lutte contre le travail des enfants. « Cette rencontre va permettre de dissuader ceux qui utilisent les enfants », a-t-il déclaré. Et le directeur régional chargé du travail, Moussa Traoré, de relever que le phénomène du travail des enfants connaît un léger recul dans la Boucle du Mouhoun au regard des actions de sensibilisations déjà menées. Pour lui, il est plus que nécessaire de poursuivre et d’intensifier les actions de lutte contre la pratique car, dit-il, elle est contraire à l’épanouissement des enfants et hypothèque le développement du pays.
- Moussa Traoré, directeur régional du travail et de la protection sociale de la Boucle du Mouhoun
Cette formation, a précisé Moussa Traoré, répond donc au besoin de renforcement des capacités techniques des acteurs directs de la production du coton. Selon ses dires, la finalité recherchée est de consolider la prévention dans le contexte de la lutte contre le travail des enfants dans la région de la Boucle du Mouhoun.
Durant 48 heures, la cinquantaine de responsables des coopératives de producteurs de coton vont ainsi se familiariser avec un certain nombre de concepts tels que « enfant », « travail des enfants », « travail socialisant », « travail léger » et « traite des enfants ».
Au-delà, les participants vont faire connaissance avec le cadre législatif et réglementaire national relatif au travail des enfants. Les causes et les conséquences du travail des enfants ainsi que les travaux interdits aux enfants dans le domaine agricole et particulièrement dans le secteur du coton feront également l’objet d’échanges au cours de l’atelier.
- Ousséni Bayoulé, président de l’Union provinciale des producteurs de coton du Mouhoun
Pour le président de l’Union provinciale des producteurs de coton du Mouhoun, Ousséni Bayoulé, la persistance du travail des enfants s’explique par la pauvreté et la fermeture des écoles provoquée par l’insécurité. Mais, ce dernier se convainc que des initiatives du genre peuvent contribuer à inverser la tendance.
Le financement de l’atelier de formation au profit de cinquante représentants des coopératives de producteurs de coton a bénéficié de l’appui du Bureau international du travail (BIT) à travers le projet CLEAR COTTON. Le projet est cofinancé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT).
Yacouba SAMA