10 ans des OSC de la Boucle du Mouhoun : Le bilan de l’insurrection populaire au menu

Publié le lundi 15 juin 2015 à 19h56min

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10 ans des OSC de la Boucle du Mouhoun : Le bilan de l’insurrection populaire au menu

La coalition des organisations de la société civile (0SC) de la région de la Boucle du Mouhoun a organisé une conférence, ce dimanche 14 juin 2015, dans la salle de conférence de la maire de Dédougou sur le thème « insurrection populaire : acquis, limites et évolution actuelle ». De cette conférence il est ressorti que l’insurrection des 30 et 31 octobre derniers est inachevée du fait que les acteurs de la transition l’ont détournée de la recherche de solutions aux aspirations profondes du peuple au profit des leurs.

A moins de quatre mois de la fin de la transition, certains observateurs estiment que l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre n’a pas permis de résoudre les problèmes réels qui l’ont suscitée. Maître Prosper Farama est l’un de ces observateurs. Il donné son point de vue à des militants et sympathisants de la société civile de la région de la Boucle du Mouhoun qui ont pris d’assaut la salle de conférence de la mairie en cette matinée du dimanche 15 juin 2015. « Aujourd’hui on privilégie les élections au détriment des attentes réelles, des objectifs du peuple », c’est-à-dire « les questions de l’impunité, de crimes économiques et de sang. La transition est très timide sur ces questions. Aujourd’hui quand on vous fait un bilan c’est qu’il est très mitigé », vociféra-t-il.

Pour les deux panélistes, maître Prospère Farama et Dr André Tibiri, cela s’explique par l’inefficacité du peuple dans la gestion des acquis de sa lutte. En effet, juste après l’insurrection, le peuple s’est laissé berner par des propos fallacieux du genre « seul un militaire serait capable de diriger le Burkina et d’assurer sa sécurité dans le contexte d’insécurité sous régionale qui prévaut ». Alors que la tâche de sécurité du territoire ne revient pas au président mais à l’Etat major général des forces armées. Ce qui a facilité l’exécution du « coup d’Etat militaire contre la victoire du peuple », a expliqué André Tibiri.

« La transition ne roule pas pour le peuple »

Tout n’est cependant pas négatif dans l’insurrection, reconnait maître Farama. Faire chuter le régime autoritaire de Blaise Compaoré vieux de 27 ans a attiré du respect de par le monde et est un bel avertissement pour tous les dirigeants dictateurs qui ont des velléités de confiscation du pouvoir. Egalement, un grand pas a été franchi dans la prise de conscience des populations sur le pouvoir qu’ils détiennent. « Les libertés individuelles et collectives ont été poussées un peu plus dans l’intérêt du peuple qui n’accepte plus qu’on gouverne sans lui, sans lui rendre compte, sans qu’il ait un mot à dire. Ce sont des acquis majeurs pour le peuple. » a-t-il déclaré.
Ce regain d’intérêt et de regard sur le fonctionnement de la cité s’est confirmé lors de cette conférence par des questionnements sur l’opportunité d’aller à une nouvelle république et sur des propos divisionnistes de certains hommes politiques. Pour maître Farama, le contexte actuel est défavorable au passage à une nouvelle république parce que « la transition ne roule pas pour le peuple » et dans ces conditions la prochaine constitution risque d’être en sa défaveur. Mais retenons que de façon générale deux raisons peuvent expliquer le changement de république. La première raison est juridique et exige un changement de constitution et d’institutions. La seconde raison est simplement politique.
En ce qui concerne les propos de Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso Autrement, selon lesquels en tant que moaga du plateau central et musulman il a des chances d’être élu, Maître Farama s’insurge. Pour ce juriste, ces propos doivent engendrer des questions sur l’éligibilité aux prochaines élections de ce président de parti. En fait ces propos sont divisionnistes et sont condamnés par la constitution.
Cette conférence débat organisée dans le cadre du dixième anniversaire des OSC de la région de la boucle du Mouhoun et en prélude au forum de cette structure qui va se tenir en juillet prochain pour discuter de l’avenir de la coalition et des orientations à suivre afin de préserver et de consolider les acquis de l’insurrection des 30 et 31 octobre, a été une réussite, nous a confié Lamoussa Kadinza, secrétaire exécutif et porte-parole de la coalition des OSC du Mouhoun.

Ibrahima TRAORE
Aboubacar TRAORE (Collaborateur)
Lefaso.net

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